17 mars 2016

S’il estime n’être «qu’une pièce du puzzle», le portier des Aigles est prêt   à défier l’armada offensive de Lugano dès ce soir à Genève

 

Les yeux bleus, le regard pénétrant, il est prêt à fondre sur sa proie avec ses mitaines. Depuis le début de la saison et encore plus lors de ces play-off, Robert Mayer plane devant sa cage, les ailes déployées, comme un vrai rapace qu’il est devenu depuis qu’il se trouve dans la peau d’un Aigle.

 

C’est lui, le portier des Vernets, qui détient peut-être bien la clé de ce duel entre Ge/Servette et Lugano, qui pourrait ouvrir la porte d’une troisième finale. «C’est grâce à lui si aujourd’hui nous sommes encore tous sur la glace et pas en train de nettoyer le vestiaire!» s’exclame un Chris McSorley tout aussi admiratif de son cerbère qu’il ne l’était il y a encore deux ans de Tobias Stephan.

 

«Que ce soit Elvis Merziklins, le goalie de Lugano, ou Robert Mayer, nous aurons deux athlètes extraordinaires sur le rink», estime Sébastien Beaulieu, l’entraîneur des gardiens des Grenat, assurant que son protégé (26 ans), son ange, possède des épaules très larges et qu’il supportera la pression. «Lugano va essayer, comme l’an passé, de le déstabiliser; mais en un an Robert a beaucoup changé, remarque le Québécois. Contre Fribourg, Rivera l’a attaqué fort et il n’a pas répondu aux provocations. Face aux Tessinois, on aura besoin d’un gardien au sommet, et je pense qu’il le sera…» Pour lui, il a de la marge!

 

Après une petite séance sur la glace, Robert Mayer s’assied devant son vestiaire, serein, comme il l’est devant son filet. Son sourire est désarmant. «Mais moi je ne suis qu’une pièce du puzzle!» dit-il. Et modeste, avec ça!

 

Robert Mayer, les play-off vous poussent-ils à vous sublimer?

 

Pour un gardien, lorsque tu enchaînes des matches contre la même équipe, cela te donne le temps de t’imprégner du plan de jeu de ton adversaire. Tu peux changer deux à trois détails. J’ai joué aussi plus de parties que la saison dernière où j’avais été longtemps blessé. Ça aide. Avec l’expérience, la manière d’aborder ce genre de match est différente. Et puis je connais déjà Lugano. Avec Sébastien Beaulieu, on a étudié à la vidéo le jeu de Pettersson, Klasen, Hofmann et toute l’armada offensive: on est prêts. En deux jours, je connaîtrai par cœur leurs gestes, même si ce sont des joueurs qui sont toujours capables d’inventer des trucs au dernier moment.

 

C’est quoi votre méthode?

 

En regardant comment ils tiennent leur canne, je peux me focaliser sur leur palette. C’est un truc que j’ai appris à Washington avec le gardien Dominik Hasek. Une fois que tu as identifié le joueur, tu ne te concentres que sur le bas de sa crosse et tu peux déjà deviner s’il va tirer en haut, en bas, à gauche ou à droite.

 

C’est donc cela votre secret. Ou est-ce Sébastien Beaulieu?

 

Un peu des deux! Sébastien m’aide à gérer mes émotions, à ne pas m’enflammer et garder les pieds sur terre, par exemple.

 

Comme vous retenir quand vous sortez trop de votre cage?

 

Ça aussi, c’est en effet un des gros boulots de Sébastien! Maintenant, si j’en ai un jour l’opportunité, je suis prêt à prendre le risque pour aller marquer un but!

 

Que vous inspire ce Lugano de Shedden? On dit des Tessinois qu’ils sont plus physiques…

 

Ils sont certainement meilleurs dans ce domaine, mais à ce jeu-là on aura plus de répondant que les Zougois en quarts de finale!

 

Maxime Lapierre, qui a été engagé pour mettre des émotions, risque de venir vous provoquer. Vous êtes prêt?

 

Pour avoir partagé un peu de temps avec lui quand j’étais à Montréal, je connais son style de jeu. Il a eu du succès ainsi en NHL. Je suis prêt à encaisser des coups mais aussi à en donner s’il va trop loin. J’espère juste ne pas être suspendu comme l’an passé quand McLean m’avait fait sortir de mes gonds. J’ai retenu la leçon.

 

Ge/Servette a l’avantage de la glace. Avec ce public, cela peut-il vous donner des ailes?

 

Ah oui, quand tu entres sur la glace, que tu sors de la tête de l’aigle au milieu des flammes et que tu entends les gens crier ton nom, tu n’as qu’une envie: te transcender pour eux!

 

«Batman et Rubin» (par Grégoire Surdez)

 

Les hockeyeurs adorent se donner des surnoms. Depuis mardi matin, Daniel Rubin a droit à un nouveau sobriquet. «Rubs», c’est «Batman» depuis qu’il patine avec un masque spectaculaire qui lui donne des airs de superhéros.

 

Après avoir subi la charge de Julien Sprunger, il pensait bien que sa saison était terminée. Mais les hockeyeurs sont des superhéros. Et la médecine, à deux vitesses faut-il croire, est capable de faire des miracles. «Normalement, je devais en avoir pour six semaines d’arrêt, dit le sympathique attaquant de Ge/Servette. C’est le tarif normal pour une fracture au niveau du visage.»

 

Victime d’une triple fracture de l’orbite gauche, Rubin a été opéré avec succès. Et le solide gaillard ne souffre plus, dit-il. «Sauf quand je mange. J’ai encore de la peine à ouvrir grand la bouche.» Voilà un handicap qui ne déplaira pas à Chris McSorley, lequel a enjoint ses joueurs à ne pas répondre verbalement aux diverses provocations… «De toute façon, je ne suis pas un causeur sur la glace, sourit-il. Je ferai passer mes émotions différemment, avec mes muscles en terminant proprement mes charges.»

 

Dix jours seulement après son accident – il faut le nommer ainsi, puisque «Saint-Auger» en a décidé ainsi – le No 40 est donc de retour au jeu! C’est grâce à un masque en carbone spécialement moulé et à une grille de protection que ce miracle a été rendu possible. «J’ai discuté avec les médecins. J’en ai aussi parlé avec mes proches avant de me décider. A partir du moment où je ne risquais rien, il était clair pour moi que je pouvais jouer à nouveau.»

 

«Batman et Rubin, le retour», ça sonne comme le titre d’un blockbuster, non?

 

Power-play

 

L’affiche Ge/Servette reçoit Lugano à 20 h 15 aux Vernets pour l’acte I des demi-finales.

 

Gardiens au sommet Avec un taux de 95,74% d’arrêts lors de ses cinq parties face à Fribourg en quarts des play-off (92,16% en saison régulière), Robert Mayer a démontré toute sa classe devant sa cage. A Lugano, Elvis Merziklins a rendu une fiche de 94,23% en quatre matches de play-off face à Zoug (92,23% en championnat).

 

Equipe Bays, Almond, Wick sont blessés. Riat est incertain. Daniel Rubin est de retour. Ivan Zanatta, licence B en provenance de Red Ice Martigny, est à disposition des coaches.

 

Billetterie Hormis dans le secteur VIP, les Vernets n’affichent pas encore complet pour ce premier match.

 

Le mot du coach «Si nous laissons de l’espace aux attaquants de Lugano, la série risque d’être très courte.» Chris McSorley se méfie comme de la peste de la force de frappe offensive des Tessinois.

 

Petterson incertain Touché à un pouce lors de l’acte IV des quarts de finale contre Zoug, Fredrik Petterson souffrirait d’une fracture et serait incertain pour la rencontre de ce soir. Un premier coup de bluff du rusé Doug Shedden? En cas de forfait, il sera remplacé par Tim Stapleton (ex-Bienne).