30 octobre 2014

Il a fallu attendre la 53e et un but de Tom Pyatt pour que les Grenat s’offrent enfin le scalp de leur bête noire. Et si c’était le déclic?

 

C’est bien connu, Dame Coupe ne s’offre pas au premier venu. Il a fallu la courtiser, l’amadouer et se montrer très patient avant qu’elle ne tombe dans les bras de son heureux élu. C’est sur Tom Pyatt, le meilleur joueur sur la glace, qu’elle a jeté son dévolu, sept minutes avant que le carrosse ne se transforme en citrouille. Ce joli coup de foudre du Canadien aura suffi aux Servettiens pour s’offrir enfin, pour la première fois de la saison, le scalp du Lion. Les Genevois, qui s’étaient qualifiés en Ajoie au tour précédent, n’ont toutefois pas versé dans l’allégresse avant de dompter enfin leur bête noire. «C’est un grand soulagement, s’est exclamé Noah Rod au terme de la partie. Car après six défaites contre mon ancien club, cela commençait à bien faire. Même si cela a mis du temps, on en voulait plus qu’eux, je pense.»

 

Source d’inspiration

 

C’était également l’avis de Chris McSorley, qui a accueilli cette qualification pour les quarts de finale avec le sourire et un gros soupir. «C’était un match important à gagner et c’est un honneur d’être encore dans le chapeau», lâche un coach conscient que tout n’a pas été parfait. Si c’est dans la souffrance qu’une équipe prend conscience qu’elle existe, ce succès étriqué face au «frère ennemi» de Malley sera certainement une bonne source d’inspiration pour la suite…

 

Il est coutume de dire qu’un derby digne de ce nom ne se joue pas: il se gagne. Sur la glace, on bout, on se cherche des crosses, on se provoque, il arrive même que cela débouche sur des belles bagarres. A la Valascia ou à la Resega, il se résume par ces trois mots: ferveur, fierté et passion. Mais hier soir, une fois n’est pas coutume, les acteurs, qui se connaissent trop bien, n’avaient pas les nerfs à fleur de peau. Aucune grosse charge à signaler. Cette rencontre de petite qualité, sans intensité, s’est surtout jouée sur le banc, entre les deux coaches. Les spectateurs qui s’attendaient à un show ont eu droit à une nouvelle partie d’échecs entre Chris McSorley et Heinz Ehlers. Chat échaudé craint l’eau froide, dit-on, et les deux formations se sont longtemps observées dans l’attente d’une erreur, d’une lame fatale comme vendredi passé…

 

Comme les cacahuètes

 

Comme lors des sept premiers affrontements, Ge/Servette s’est montré incapable de se débarrasser de cette sangsue lausannoise restée collée 53 minutes à ses jambières. «Mais on se rendait bien compte que nous prenions l’ascendant», sourit Noah Rod, convaincu que ce but de Tom Pyatt tombé sur le tard «va faire du bien à toute l’équipe».

 

Alors que la barre, en championnat, se rapproche, que Ge/Servette prend demain le chemin de Davos (neuf succès consécutifs à domicile) avant de recevoir Berne samedi, il suffit parfois d’un rien pour qu’un déclic se produise. «On ne va retenir que la victoire ce soir, s’est exclamé Goran Bezina. Elle va nous donner de la confiance pour la suite.» La victoire, c’est parfois comme les cacahuètes: quand on commence, on ne peut plus s’arrêter…