Lors des deux duels contre Fribourg, l’Aigle s’est cassé les dents sur ce portier atypique. Aux Genevois de corriger le tir ce soir

 

D’aucuns s’étaient un peu vite moqués de lui. Durant la période de préparation, des fans l’avaient même affublé du surnom peu reluisant de «Bratwürst», tant il détonnait dans sa cage. Mais une fois que le championnat a commencé, la «saucisse» n’a plus fait rire personne. Au contraire. S’il a un style peu académique, truffé de tocs (il se tape régulièrement la jambière avec sa canne) et du poids en trop (103 kg pour 188 cm), Barry Brust a simplement été époustouflant, tout-puissant, écœurant plus d’un attaquant.

 

Avec 92,73% d’arrêts, en ce début de saison, il a fait très fort, notamment contre les Servettiens, qui se sont déjà cassé les dents durant plus de deux heures contre lui. Mais comment s’y prendre pour lui marquer un but?

 

«Prendre des rebonds»

 

«Comme c’est un grand gars qui prend de la place dans ses buts, il faut mettre du monde devant lui et prendre des rebonds s’il nous laisse la chance d’en obtenir, estime Romain Loeffel, qui l’a bombardé à plusieurs reprises lors des deux premiers derbys. Sur le premier shoot, il est en effet très fort», sourit-il.

 

C’est aussi l’avis de Jonathan Mercier, qui l’avait battu en plein «trafic» le 8 septembre à la BCF Arena. «Le puck avait rebondi derrière lui et moi j’avais fermé les yeux avant de tirer: c’était entré!» Ge/Servette s’était malgré tout incliné.

 

«Il faut l’user»

 

Goran Bezina avait permis, lui, à Tim Traber, placé devant le portier, de dévier son missile lors du dernier affrontement aux Vernets. C’était également trop tard. «Il ne faut pas lui tirer dessus mais essayer de l’user en le faisant bouger tout le match», renchérit le défenseur valaisan, rappelant qu’il n’est pas invincible, on l’a encore vu ce week-end face à Zoug et à Davos, où il s’est couché six fois.

 

«Lui donner du travail»

 

Entraîneur des gardiens du GSHC, Sébastien Beaulieu l’a forcément étudié à la loupe. «Je dois avouer qu’avec son style peu orthodoxe, il est compliqué à décortiquer, reconnaît le Québécois. C’est un gardien qui voit le puck assez facilement. Sa force, ce sont ses yeux et sa capacité d’effectuer des arrêts. Il est très réactif. Face à un portier au style papillon qui glisse beaucoup, tu peux plus facilement ajuster ton jeu, mais avec lui, c’est moins évident. Pour le tromper, il faut hausser le degré de difficulté en améliorant par exemple la qualité du premier tir et du rebond. Il faut lui donner une grosse soirée de travail…»

 

L’ange des gardiens des Vernets ajoute qu’il ne faut surtout pas que Barry Brust devienne une obsession pour ses attaquants: «On ne doit pas commettre les mêmes erreurs que la saison dernière avec Jonas Hiller. On avait toujours de la peine contre lui, il réussissait d’ailleurs souvent de gros matches contre nous, rappelle Beaulieu. Concentrons-nous plutôt sur notre jeu offensif pour marquer le plus de buts possible au lieu de commencer à faire une fixation.» Et de se souvenir que le 23 septembre à Genève, «Brusty» avait aussi été «un peu chanceux», sauvé par ses poteaux. «Et on avait échoué devant des cages à moitié vides. On sait donc ce qu’on doit faire face à ce Fribourg en pleine confiance et qui défend plutôt bien.»

 

«A nous de le déranger»

 

Pour avoir dirigé Dinamo Minsk la saison dernière en KHL, Craig Woodcroft connaît bien Barry Brust. Il avait déjà croisé cet incroyable portier lorsqu’il défendait les buts de Slovan Bratislava. «C’est effectivement un très bon gardien, qui aime bien jouer en dehors de sa cage, explique l’Ontarien. Comme Robert Mayer, il facilite la relance de son équipe. Il ne faut donc pas lui donner l’opportunité de sortir, en le bloquant le plus possible devant ses filets.»

 

Pour cela, le coach des Aigles va insister auprès de ses joueurs pour qu’ils revoient leur positionnement sur la glace. «Contre nous, Barry Brust a pu voir trop facilement les départs de nos shoots, constate-t-il. A nous de le gêner, de le déranger et de le sortir de sa zone de confort pour qu’il se déplace à gauche et à droite.»

 

Et de rappeler aussi à ses hommes avant qu’ils n’entrent sur la glace de Saint-Léonard que «s’ils ont une opportunité de marquer, qu’ils tirent plutôt que de faire la passe de trop». Pour que lui, Barry, ne commence pas, ce mardi soir, à se moquer des Aigles…

 

Power-play

 
L’affiche Ge/Servette se rend ce soir (19 h 45) pour la deuxième fois de la saison à Fribourg. Il s’agit de la troisième confrontation entre les deux équipes: Gottéron s’est imposé à deux reprises (2-1 et 4-2).

 

L’info Nick Spaling, blessé jeudi contre Zurich au bas du corps, ne jouera pas ce mardi à Fribourg. Son absence est évaluée à une ou deux semaines.

 

L’effectif Bays, Douay, Rubin, Maillard sont aussi blessés. Retour de Schweri. Antonietti est prêté à Ajoie.

 

L’hésitation Craig Woodcroft décidera ce matin qui de Gauthier Descloux ou de Robert Mayer défendra la cage des Aigles.

 

A Fribourg Blessé à l’épaule puis au dos depuis le début de la saison, Roman Cervenka pourrait effectuer son retour.