29 octobre 2018

Les Servettiens, largement battus par Langnau devant leur public, ne sont plus invaincus aux Vernets. À eux de réagir avant mardi

 

Il n’avait jamais vu «ça»! S’incliner 6-2 devant ses partisans? Non, pas ça. Que ce soit à Chicago avec les Blackhawks, à Florida lorsqu’il portait le maillot des Panthers, aux Blue Jackets de Columbus, à Colorado ou aux Canucks de Vancouver, Jack Skille n’avait jamais vécu une scène pareille. Il a d’ailleurs failli s’étouffer tellement il a ri. L’homme aux 368 matches de NHL se demande encore comment il s’est retrouvé en prison alors qu’il était innocent. «My God!» Mais comment l’arbitre a-t-il pu l’envoyer sur le banc d’infamie pendant quatre minutes alors que c’est son adversaire qui a glissé derrière lui? Et si cette double pénalité, injustement infligée après 8’49’’ à l’Américain de Ge/Servette, avait tout changé?

 

Les excuses sont faites pour s’en servir. Dans un championnat où «tout le monde peut battre tout le monde» et où chaque détail a son importance, une rencontre peut en effet tourner sur ce genre de détails infimes. Et c’est justement le moment qu’a choisi Langnau pour inscrire ce premier but si important lorsqu’on évolue à l’extérieur, surtout face à un adversaire qui n’avait encore jamais perdu devant son public cette saison.

 

Peut-être bien que les Genevois avaient pris cette partie à la légère. Ou alors se sentaient-ils invincibles sur leur patinoire et se sont-ils vus trop beaux après sept victoires consécutives? Toujours est-il qu’à l’exception d’une période faste de cinq minutes entre la fin du premier tiers et le début du deuxième – où Winnik et Skille avaient redonné de l’espoir à leurs couleurs (de 0-2 à 2-2) –, il y a surtout eu trop d’erreurs sur la glace pour poursuivre cette série positive.

 

«Un coup de pied aux fesses»

 

Avec un Eero Elo en état de grâce, le visiteur a exploité les carences défensives des Aigles que leur défaite si frustrante, mardi à Rapperswil, avait rendus bien fébriles mentalement. «Il est clair qu’elle nous a fait mal», a témoigné un joueur. Quelle mauvaise semaine pour des Grenat qui, au lieu de viser le haut de tableau, se retrouvent menacés par la barre. «Un bon coup de pied aux fesses ne peut nous faire que du bien», assure Louis Matte, l’adjoint de Chris McSorley, conscient que ses joueurs n’avaient pas retenu la leçon dans la ville du Knie quatre jours plus tôt. Et si le mal était plus profond que cela? «Je ne pense pas», estime le Québécois.

 

La porte des vestiaires est restée longtemps fermée samedi soir afin de permettre à l’entraîneur principal d’asséner ses quatre vérités à son équipe, avant que les joueurs ne vident leur sac entre eux pour crever l’abcès.

 

Le coup de gueule du chef

 

«Chris nous a dit qu’il fallait changer notre style de jeu, sinon on ne va pas gagner beaucoup de matches. Il a bien fait de nous remonter les bretelles.» C’est Floran Douay qui a finalement été désigné pour venir expliquer comment on en était arrivés là. L’attaquant franco-suisse, très actif au sein de la quatrième ligne, était en effet l’un des rares Servettiens à échapper à la critique. «On a commis trop d’erreurs et on est un peu trop fainéants sur les bords pour vraiment revenir à la réalité, ajoute le No 72. Comme on se l’est dit ensemble dans le vestiaire, on doit vraiment recommencer à travailler fort aux entraînements. Et, surtout, tous se regarder dans le miroir avant d’aller se coucher. Car si on veut gagner des matches, on doit tous en faire plus. On ne peut pas dire qu’on est en mini-crise, mais à nous de réagir et vite…»

 

Car c’est déjà mardi que Ge/Servette reçoit la visite d’un Lausanne HC en nette reprise après ses deux succès face à Bienne. «À nous d’imposer d’emblée notre jeu et de ne pas subir comme aujourd’hui celui de notre adversaire», s’exclame Floran Douay. «À nous maintenant de remporter nos deux prochains matches à la maison», conclut un Louis Matte qui, lui non plus, n’avait plus vu «ça» aux Vernets depuis la saison dernière…