Plus forts que les Dragons, les Aigles s’envolent de plus en plus haut, proches du sommet. Ils défieront le champion le 16 février aux Vernets
Samedi, c’était carnaval à Fribourg avec, à Saint-Léonard, en ce jour du déguisement, la lutte à l’honneur. A six mois de la Fête fédérale d’Estavayer, les Dragons ont voulu marquer le coup, en s’affichant avec une tenue – vraiment – spéciale sentant bon la sciure. Mais comme tout le monde le sait, ce n’est pas l’habit qui fait le moine… Fribourg Gottéron ne combattait pas dans la même catégorie que son adversaire, plus fort dans tous les domaines. «C’est l’équipe la plus physique et la plus rapide que j’ai jamais eue à Genève, sourit Chris McSorley, conscient toutefois que d’envoyer du lourd ne plaît pas forcément à tout le monde. C’était, du coup, difficile pour notre adversaire de se cacher!»
Les charges interdites?
Le duo arbitral Eichmann - Koch, qui ne supporte pas qu’on flirte avec le règlement, a bien tenté de refréner, dans un premier temps, les ardeurs velléitaires des visiteurs, mais cela n’a pas suffi. A moins qu’à la BCF Arena, où le public hurle à chaque intervention un peu trop musclée contre un de ses protégés, les charges soient devenues tout à coup interdites, sur la longueur le locataire ne pouvait que capituler.
«Nous avions une armée en face de nous!» plaisantait (à peine) Jérémie Kamerzin, impressionné par le rendement de son ancienne formation. En confiance après avoir giflé Berne (4-0) dans la capitale, le locataire aura fait illusion durant le premier tiers. Le temps que Ryan Gardner profite d’un tir dévié (7e) et que l’ex-Lausannois Colby Genoway n’inscrive son premier but en power play d’un missile un peu chanceux (9e).
«Il est toujours difficile de commencer un derby à l’extérieur, mais par la suite, défensivement, on n’a pas donné grand-chose aux Fribourgeois», remarquait à juste titre Noah Rod. Ce que confirmait Goran Bezina. «Les Fribourgeois sont redoutables offensivement et en contres, mais en mettant de la pression dans leur zone défensive, ils se fatiguent et à force d’insister on a marqué!» A l’usure, au mental, Ge/Servette, s’appuyant sur un Robert Mayer stratosphérique (il a dégoûté Maret, Kamerzin et Gardner) a logiquement passé l’épaule. «Leur gardien a fait la différence ce qui nous a empêchés d’inverser la tendance et de prendre le dessus, regrettait Gerd Zenhäusern, le coach des Dragons. Mais Genève a bien joué le coup à la fin.» Fribourg Gottéron n’est toujours pas en vert au Télétexte, les play-off attendront. Kevin Romy (qui se bonifie avec l’enjeu), Damien Riat (un but plein d’audace), Timothy Kast (l’artiste magnifie le power play) et Matt D’Agostini (quelle classe!) mais aussi tous leurs camarades sont montés en puissance. «On s’est montré solides et efficaces dans les situations spéciales et c’est de bon augure si on veut aller chercher l’une des deux premières places», poursuit Eliot Antonietti qui prend de plus en plus d’assurance.
Comme à la maison
A Saint-Léonard, les Aigles évoluaient en grenat, comme à la maison. «Ce n’est jamais évident d’enchaîner deux derbies et je suis fier de la performance de mes joueurs, a renchéri McSorley. En vue des play-off, je leur ai demandé d’évoluer avec un rythme plus élevé et tenir le plus longtemps possible.»
En attendant, alors que le championnat observera huit jours de pause pour l’équipe nationale, les Genevois vont aller se ressourcer à Champéry. «Durant deux jours, on va pouvoir encore plus souder un groupe qui travaille déjà bien ensemble, dans le même sens, c’est important pour la suite», se réjouit Antonietti. Et Goran Bezina, en bon capitaine, de rappeler que Ge/Servette «vise le plus haut possible.» Prochain adversaire: le 16 février à Genève, contre Davos, le champion. La lutte promet. Plus c’est haut, plus c’est beau…
Noah Rod a été puni…
Noah Rod, est-il exact que la veille contre Lausanne, vous vous êtes retrouvé relégué au bout du banc, pour n’être utilisé qu’uniquement dans les situations spéciales?
C’est exact.
Chris McSorley a dit que c’était pour vous ménager, parce que vous aviez des maux de tête.
Non, j’ai fait quelque chose qu’il n’a pas aimé!
Et il vous a puni?
Cela fait partie du jeu, je ne peux pas faire ce que j’ai envie et jouer n’importe comment! J’ai commis une bêtise et je comprends la réaction du boss. Si je veux aller en NHL un jour cela fait partie de mon apprentissage. C’est ce que Chris m’a dit…
Etes-vous d’attaque pour votre première convocation avec l’équipe de Suisse A cette semaine en Slovaquie?
J’ignore encore si je vais y répondre favorablement. Je dois en parler avec Chris McSorley s’il est raisonnable ou pas que j’accepte. Je vais voir comment je me sens ces prochains jours. Si je vais en Slovaquie, c’est que je serai à 100% pour jouer mon meilleur hockey.
Sinon, vous partirez mardi avec vos coéquipiers pour deux jours à Champéry?
Cette pause est la bienvenue pour beaucoup d’entre nous. Avec la Spengler pour certains, les Mondiaux juniors pour d’autres à Noël et les blessés, cela fait du bien de monter à Champéry. C’est l’occasion avec toute l’équipe d’oublier un peu le hockey, de s’amuser et de se ressourcer pour les prochaines semaines à venir.
Que ce soit vendredi contre Lausanne ou samedi à Fribourg, vous étiez en mode play-off?
Notre but est de continuer à monter en puissance jusqu’au bout. On ne regarde pas derrière nous, mais devant pour finir le plus haut possible. Si on dispute des matches sans grosses erreurs, en évoluant dans le registre physique, ce sera dur pour les équipes adverses.
Rassurez-nous, après le premier tiers à Fribourg, on a cru que les charges étaient devenues interdites, ce n’est pas le cas?
Ce n’est pas la première fois qu’on débat sur les arbitres. Mais ce n’est pas toujours évident pour eux!