26 novembre 2016

Le portier genevois a tout arrêté ou presque. Décimés, les Grenat n’ont craqué que sur la fin d’un bon derby

 

De l’amour à la haine, de l’adoration à la détestation, la marge est ténue quand un derby se nourrit de passion. A Fribourg, plus qu’ailleurs, le public, influant, joue à fond son rôle de sixième homme. Larry Huras avait prévenu que cela se jouerait sur des détails. Ou sur un coup de dés. «On devrait rebaptiser cette patinoire le plongeon!» peste Chris McSorley, qui a quitté les bords de la Sarine fâché, écœuré, frustré, comme toute sa troupe d’ailleurs, passée si proche du succès, d’un exploit. Après le nouveau forfait de Nathan Gerbe s’ajoutant à ceux de Cody Almond et Kevin Romy (voir ci-dessous), on promettait une fessée à ces Genevois déjà bien mal en point. «Mais ici, les arbitres ont tendance à trop souvent lever les bras contre nous!» Si le coach se montrait «vraiment fier» de ses joueurs, qui ont versé leur sueur sur la glace jusqu’au bout, il pouvait, en effet, en avoir gros sur le cœur par rapport aux pénalités sévères infligées à Arnaud Jacquemet et Jonathan Mercier en fin de partie alors que Julien Sprunger s’est jeté la tête la première au sol. Le capitaine des Dragons, exemplaire dans son attitude avec ses coéquipiers, est aussi très fort à ce jeu-là.

 

Fribourg Gottéron, qui a longtemps été emprunté, a fini par mettre les Aigles en cage, mais s’il n’a de loin pas volé ce précieux succès en prolongation, Ge/Servette ne méritait pas une fin aussi cruelle. 3-2, comme lors des deux premiers affrontements; et comme lors du premier acte, Gottéron a gagné en prolongation.

 

Après une semaine noire qui a plongé les Grenat à la neuvième place, plus dure est la chute. Hugh Quennec a raison, tout va bien. Or, où le président n’a pas tort, c’est que sa bande décimée a un gros cœur qui bat. Mais voilà, il y a des soirs comme ça où ça ne veut pas…

 

C’était pourtant un soir de grâce pour Robert Mayer. Il y en a qui aiment chercher l’ombre quand il y a trop de soleil. Et d’autres, qui comme lui, se régalent lorsqu’ils ont du travail plein les bras. Le goalie fait partie de ceux qui pensent qu’il n’y a pas de barrière infranchissable. Le portier des Vernets a d’ailleurs longtemps repoussé l’inéluctable, avec des parades de grande classe.

 

Après l’ouverture du score éclair (5e) de Jim Slater en power play (comme quoi tout arrive), le dernier rempart genevois a ensuite multiplié les arrêts pour rendre possible l’impossible. Il y a bien des fleurs qui poussent dans le désert. Si à force d’insister Sprunger a fini par faire sauter le verrou une première fois (33e), ce Ge/Servette-là, crocheur et opiniâtre, qui s’est battu avec ses armes, n’a jamais rien lâché. Il a obtenu ce but, par le junior Yoan Massimino, qui aurait dû être celui de la victoire avant que Julien Sprunger ne réussisse son plongeon, et que Yannick Rathgeb, d’un tir à la bleue, ne rallume le feu à un Dragon qui poursuit sa marche en avant. Quand Larry Huras est arrivé à Saint-Léonard, Fribourg Gottéron était 11e avec sept points en huit matches.

 

Aujourd’hui, à Fribourg, tout va bien…

 

Yoan Massimino y a pourtant cru…

 

Quand la coupe déborde! Déjà privés, depuis mardi soir, de Kevin Romy (il a été opéré d’une fracture à la clavicule), de Cody Almond (suspendu pour s’être battu avec le Davosien Walser) et de Noah Rod (touché aux cervicales à Zoug), des absences s’ajoutant celles de Floran Douay (dos) et d’Eliot Antonietti (genou), sans oublier Christophe Bays, attaqué par un méchant virus, les Genevois ont perdu un nouvel homme au combat. C’était au tour de Nathan Gerbe d’enfiler le maillot à poisse et de rejoindre l’infirmerie des Vernets. Le génial petit Américain s’est en effet bloqué le dos jeudi à l’entraînement. «On ignore encore pour combien de temps il sera absent», soupire Louis Matte, la mine déconfite dans le vestiaire. Une chose est certaine: il sera encore absent ce soir contre Ambri, où Ge/Servette espère déclencher rapidement une pluie de peluches sur sa patinoire. Et surtout la victoire…

 

Du coup, Chris McSorley a dû passer par une grosse scène de méninges pour trouver des joueurs valides, histoire de composer ses quatre lignes. Surnuméraire depuis quelques semaines, Travis Ehrhardt s’est donc à nouveau retrouvé sur la glace, mais que ce fut encore une fois laborieux! A lui d’élever son niveau. Le coach ontarien a également rappelé Thomas Heinimann, qui avait été prêté en licence B à Olten. Et sorti de sa manche, de son sac à malices, Yoan Massimino, qu’il est allé chercher dans le riche vivier des juniors élites. Le Genevois de 19 ans, qui a appris le matin qu’il serait titularisé dans la 3e ligne avec Timothy Kast et Kay Schweri, a su saisir sa chance en inscrivant son premier but en LNA. «J’ai bien cru que ce serait celui de la victoire, regrettait le junior partagé entre joie et frustration. Sur le banc, après ce but, on était tous convaincu qu’on allait gagner ce qui était mon premier derby. Au final, il n’y a malheureusement qu’un point. Et c’est une grosse déception pour tout le monde.» Les Genevois étaient si proches de l’exploit…