29 mars 2016

Les Genevois, qui avaient raté leur virage samedi, n’ont pas été loin de rectifier le tir au Tessin. Là, ils s’arrêtent en demi…

 

C’était à nouveau un beau roman, une belle histoire. Mais malheureusement, il reste toujours à écrire le dernier chapitre. Et surtout y ajouter ce titre, qui était si proche et qui échappe aux Genevois pour la troisième fois après les deux dernières finales en 2008 et 2010. Tout un club, toute une ville, toute une région y ont pourtant cru. Mais en ce lundi de Pâques, Ge/Servette a posé un lapin à la finale. C’est Lugano, qui avait fait, samedi, d’un palet des Vernets son royaume, qui va pouvoir défier Berne dès samedi prochain. Dix ans après son dernier sacre…

 

Comme l’an passé et il y a deux ans, Genève-Servette s’est arrêté à l’avant-dernière marche, au moment de rédiger la conclusion. Avec plein de regrets et une grosse frustration. Comme ce but manqué par Tom Pyatt dans la cage vide deux jours plus tôt. Ou ce puck mal dégagé à l’acte No 3 par Daniel Vukovic. Comme toutes ces occasions manquées dans cette série où l’Aigle a souvent pris le dessus. Mais dominer n’est pas gagner. Peu importe l’auteur des erreurs, finalement, ils ont tous été à la hauteur de l’événement.

 

Ils sont sortis du jeu la tête haute. Les Grenat peuvent nourrir toutefois beaucoup de rancœurs. Car après avoir échoué pour quinze misérables petites secondes samedi, les Aigles, placés au pied du mur, ne sont pas passés loin d’un septième match jeudi aux Vernets. Avec l’instinct de survie et l’énergie du désespoir, ils ont tout essayé mais si Kevin Romy, Jim Slater et leurs copains ont vidé leur coffre et leurs dernières énergies au Tessin, ils ne sont pas parvenus à rectifier le tir pour autant. Ce zeste de réussite qui accompagne les équipes qui ont la baraka avait choisi son camp.

 

Les gentils petits soldats des Vernets, clonés depuis les quarts de finale par le général McSorley, étaient redevenus, l’espace d’un soir, des guerriers bien décidés à tout laminer sur leur passage. Robert Mayer, dans un grand soir, a été une fois de plus héroïque. Au terme d’un match qui a atteint une altitude à donner le vertige, l’Aigle a vraiment été proche de mettre la Panthère à terre. Mais comme les autres épisodes, ce sixième acte s’est joué sur des détails. Dans une série où chaque équipe s’était imposée dans la patinoire de l’autre, il fallait bien une première. Après que Romy et Rod eurent donné deux fois l’avantage au visiteur, il a fallu aussi que les arbitres donnent ce petit coup de pouce nécessaire aux Luganais pour couper cette fois-ci les ailes des Aigles dans la prolongation. Pour la quatrième fois sur six, cette confrontation s’est en effet jouée lors des vingt minutes supplémentaires. L’ange gardien des Servettiens ayant fait un boulot incroyable, ses défenseurs un travail énorme devant lui en se couchant sur tous les pucks, c’est un penalty de Furrer qui est venu sauver le HC Lugano avant l’épreuve des tirs au but. Ce, quelques secondes après que les directeurs de jeu eurent oublié une faute flagrante sur Marco Pedretti. C’est donc avec le désagréable sentiment d’avoir été volé que les Genevois se sont arrêtés en demi-finale à la Resega. Si Chris McSorley a félicité son adversaire et Doug Shedden, il n’en fera pas autant avec MM. Vinnerborg et Wiegand.

 

Avec un portier qui a fait oublier Tobias Stephan, une défense qui ne devrait pas trop être chamboulée (Goran Bezina semble bien parti pour… rester), un Damien Riat qui va encore progresser et sa grosse colonne vertébrale, Ge/Servette pourra écrire l’épilogue l’an prochain

 

Romy, héros mal payé (par Grégoire Surdez)

 

C’était son année. Casque jaune sur la tête, tête bien posée sur les épaules, les épaules prolongées par des bras élastiques, et au bout, une crosse, reliée directement avec un cerveau qui voit tout plus vite et mieux que le commun des hockeyeurs. Kevin Romy a été le héros genevois de ces play-off. Il a été cette touche de talent qui a parfois manqué dans un groupe qui mise avant tout sur son unité et ses qualités de cœur pour faire face à l’adversité.

 

En quart, contre Fribourg, il avait déjà été très bon. Contre Lugano, cette équipe de millionnaires avec laquelle il avait gagné un titre en 2006, il a sans doute joué son meilleur hockey depuis qu’il est revenu aux Vernets à l’été 2010. En demie, Kevin Romy n’a pas fait les choses à moitié. Il ne le dira pas. Alors on le dira pour lui. Il a été exceptionnel. Travailleur infatigable, il a démontré à toutes les divas du championnat que oui, il est possible de briller tant en attaque que sur le plan défensif, si cher à Chris McSorley. Hier encore, Kevin Romy a donné le tournis à des Luganais en début de deuxième période. «Je ne veux pas parler de ma performance mais de tout le groupe, dit-il à chaud, sous le coup de l’élimination. On ne peut pas refaire l’histoire, c’est vrai. Mais cette action, où je fais faute, provoquant le penalty, a été entachée au départ par deux grosses fautes luganaises sur Pedretti et Fransson qui auraient dû être sifflées. On est clairement déçu car il y avait un vrai coup à jouer cette saison, nous en étions convaincus.» Après une douche express, une pizza avalée dans le bus, Kevin Romy et ses coéquipiers se sont envolés d’Agno. Un vol confié aux mains expertes de Madame Romy. La belle n’était pas peu fière de ramener son héros à bon port.