20 mars 2017

Ancien défenseur des Grenat, Olivier Keller estime que l’Ontarien doit assumer une autre fonction dans le club des Vernets

 

Il y a eu durant des lustres l’inamovible Guy Roux avec l’AJ Auxerre, resté durant plus de quarante ans (de 1961 à 2005) sur le banc du club bourguignon: ce n’était pas Christian Constantin le président, on vivait alors une autre époque. Rester aussi longtemps entraîneur dans un club, c’est aujourd’hui un record à ce niveau. Alex Ferguson est demeuré, lui, le manager de Manchester United de 1986 à 2013 sans que personne ne conteste son autorité et sa suprématie. Ce poste de tradition au Royaume-Uni, Arsène Wenger l’occupe encore à Arsenal depuis 1996. Vingt et un ans de règne, comme Arno Del Curto à la patinoire de Davos, c’est un bail mais aussi souvent une confiance réciproque entre un technicien rapidement respecté par ses joueurs et ses dirigeants.

 

Chris McSorley (55 ans mercredi) est arrivé à Genève quatre ans après le coach des Grisons. Bientôt dix-sept ans qu’il dirige les Aigles. C’est aussi une longue période derrière un banc avec des hockeyeurs, surtout les plus anciens, qui entendent ses mêmes discours depuis de nombreuses saisons. Une éternité, diraient certains, que ce soit des fans, des partenaires ou des joueurs, qui estiment qu’il a fait son temps.

 

Une autre dynamique

 

C’est notamment l’avis d’Olivier Keller, l’ancien défenseur des Vernets, qui a côtoyé l’Ontarien pendant trois saisons aux Vernets, de 2006 à 2009. «J’ai vécu de très bons moments avec lui et d’autres très, très durs, explique le Genevois, âgé de 45 ans aujourd’hui. C’est quelqu’un qui a donné quelque chose d’exceptionnel à Genève. Mais à un moment donné, comme dans la vie, comme pour un joueur, quand les résultats ne suivent plus, il faut se poser les bonnes questions. Pourquoi ne pas donner un nouvel élan? Pour moi, je suis d’avis qu’il faut passer à autre chose. C’est le moment d’apporter une folie aux Aigles, une autre vision. Le club a besoin d’une dynamique différente sur la glace, comme l’a fait Lausanne avec Dan Ratushny.»

 

«Ils ont des menottes»

 

Encore supporter des Grenat, Olivier Keller est également d’avis, comme Mike Gillis et Lorne Henning, que le système de jeu de son ancien coach ronronne, qu’il doit subir un gros lifting. C’est aussi ce qui se dit dans les tribunes. «Chris possède dans son groupe des éléments de grande qualité mais à cause de son sytle de jeu, les artistes donnent l’impression d’évoluer avec des menottes sur la glace, renchérit le résident de Saint-Prex. Un nouveau système de jeu ferait du bien à tout le monde, mais je pense que lui n’arrive pas à le changer. Je pense aussi qu’il y a de nombreux joueurs suisses alémaniques, notamment, qui aimeraient venir à Genève, pour la ville, le public et les résultats, mais ils renoncent toujours car il y a Chris McSorley avec son côté très exigeant et son style de jeu.»

 

Des savons…

 

Le Genevois ne cache pas qu’il a pris, lui aussi, comme tous ses coéquipiers de l’époque, des savons quand le chef était fâché. «Il a une vision et si tu avais le moindre écart par rapport à son système, il pouvait te casser et te massacrer. Dans le vestiaire, tu avais les joueurs au fort caractère, qui ne l’acceptaient pas, et cela explosait, et les autres, qui avaient ensuite peur de commettre la moindre erreur, qui perdaient alors leurs moyens. Il fallait avoir un gros caractère pour jouer à Genève. Mais peut-être qu’il a changé aujourd’hui…» Ce n’est semble-t-il pas l’avis de certains joueurs qui ont défilé au Mandarin Oriental et qui se seraient plaint de son comportement auprès de Mike Gillis et de Lorne Henning…

 

Finaliste du championnat en 2008 sous ses ordres contre les ZSC Lions, celui qui est devenu entraîneur des novices élites à Morges avoue avoir beaucoup appris aux côtés de Chris McSorley. «Il faut vraiment le respecter, tant l’homme que l’entraîneur ou le manager, poursuit Olivier Keller. Avec les nombreuses casquettes qu’il a eues, s’il doit quitter son poste, il doit rester dans l’organisation de Ge/Servette. Parce qu’il a vraiment une aura. C’est lui l’homme fort de ce club et il est important pour Genève. Il doit travailler dans les bureaux du club, avoir une autre responsabilité, mais il ne faut pas le jeter comme un malpropre. Cela calmera aussi les fans, les sponsors et beaucoup de monde. Même si cela mettra de la pression sur le nouvel entraîneur.»

 

C’est ce week-end que Chris McSorley a rencontré Hugh Quennec, Mike Gillis et Lorne Henning au Mandarin Oriental. Que se sont-ils dit? Le secret a été bien gardé. «On a le sentiment qu’il suivait son corbillard», s’est exclamé un ami proche du club vendredi soir. Pourra-t-il continuer de travailler dans sa maison? On saura plus aujourd’hui s’il est inamovible ou pas…