2 mars 2015

Un bon point pour l’équipe de McSorley à Lugano. Et un… poing ravageur pour le portier genevois, dans le viseur du juge unique

 

Plus explicite qu’une longue diatribe, il a eu ce poing rageur. Celui de la victoire. De la délivrance. Un soupir, un soulagement, quelle immense performance dans sa cage. Et que dire du travail titanesque de Matt D’Agostini et tous ses copains servettiens sur la glace de la Resega. Admirables. Mais il y a eu aussi celui, plus ravageur, qui aurait pu tout gâcher, quelques instants plus tôt. Il est désormais décortiqué dans le viseur du juge unique, souvent inique.

 

Passé par tous les états d’âme, Robert Mayer a frappé un grand coup, samedi soir à Lugano, dans cette première rencontre des quarts de finale, en offrant un point important et prometteur aux Grenat. Mais, lancé pour la première fois de sa carrière dans le bain bouillant des play-off, le portier des Genevois a failli tout casser.

 

Mais qu’est-ce qui lui est passé par la tête à un peu plus de deux minutes de la fin, lorsqu’il a répondu bêtement d’une droite aux provocations de Brett MacLean, devant sa petite maison? «Lui, il a fait son boulot en cherchant à me faire sortir de mes gonds, mais je n’aurais pas dû réagir, reconnaît, sans prendre de gants, le goalie des Vernets. C’était stupide de ma part. Heureusement, cela n’a pas causé préjudice à l’équipe.»

 

Faute avouée, à moitié pardonnée? Non, puisque selon Reto Steinmann, qui a décidé d’ouvrir une procédure ordinaire, il a enfreint la règle 219 ii IIHF (fighting/Goaltender). Il risque une amende ou une suspension!

 

La mitaine en feu

 

Cette pénalité mineure tombée à deux grosses minutes du terme n’a finalement pas été exploitée par les Tessinois sur la glace. La faute aux Pettersson, Klasen, Brunner et toute l’armada offensive d’outre-Gothard, tous trop nerveux et maladroits, qui a six contre quatre (l’entraîneur avait sorti son gardien) ont manqué de lucidité pour égaliser. Grâce aussi et surtout à la mitaine en feu de l’ex-gardien du Canadien de Montréal, qui a su ainsi se faire pardonner son erreur de débutant. Alternant le chaud et l’effroi devant son filet, le cerbère grison (25 ans) est conscient que son geste aurait pu avoir des conséquences fâcheuses sur ce début de série bien partie pour tirer en longueur.

 

Un premier match de play-off est souvent déterminant pour bien voyager, ne serait-ce pour conserver cet avantage de la glace ou pour renverser la tendance. Mais également en appuyant ses charges pour envoyer des messages à son adversaire. C’est aussi le moment si attendu de la saison où le guerrier, en mode play-off, se métamorphose. Où il se surprend à effectuer des choses improbables, plongé dans l’inconnu.

 

Comme Robert Mayer, 93,1% d’arrêts, qui a prouvé si besoin était sa valeur. «C’est le genre de matches que j’adore où je sais que je suis capable de me sublimer, sourit le No 29. C’était important de venir chercher un succès ici. Mais ce soir, ce n’est pas moi mais surtout l’équipe, notamment par la bénédiction du power play, qui a fait la différence.»

 

Privé de son maître à jouer, d’un Kevin Romy si prééminent dans les situations spéciales, ce Genève-Servette discipliné et opportuniste a su laisser passer l’orage pour exploiter à merveille ces conditions particulières, souvent décisives en play-off. Et même, pour la dixième fois de la saison (un record) avec un homme de moins alors que Jonathan Mercier se trouvait en prison. C’est à ce moment-là qu’Eliot Antonietti s’est découvert des qualités de patineur de vitesse en médusant Fredrik Pettersson, le meilleur compteur du championnat, pour adresser un centre-tir parfait repris par l’excellent Taylor Pyatt, dans tous les bons coups samedi. Ce but, le premier de la soirée, a tout changé.

 

Reuille revanchard

 

«Il ne s’attendait pas à ce que je le fore-checke au niveau de la zone, se marre le colosse. J’ai ensuite réussi à éviter sa canne avant de profiter d’un rebond, poursuit le grand barbu, auteur, comme ses camarades en défense, d’une partie référence. On a tous tiré à la même corde, tous bien défendu et tous attaqué, pour aller chercher ce bon point. En box play, on ne leur a pas donné trop d’occasions de s’exprimer. Et derrière, il y avait Robert Mayer, on peut lui faire confiance. C’est de cette manière, en équipe, qu’on peut aller loin en play-off.»

 

Une fois de plus concluant dans le jeu de puissance, Romain Loeffel estime toutefois que si sa formation a «marqué des buts au bon moment», il reste encore beaucoup de choses à régler avant d’enchaîner demain aux Vernets. «On a un minibreak d’avance, mais attention, de nos jours une victoire à l’extérieur ne veut plus dire grand-chose, remarque le Neuchâtelois. Il s’agit de rester concentré et de profiter, à la maison, de ce 6e ou 7e homme pour réitérer cette belle performance devant notre public.»

 

Or, revenus de 0-2 à 2-2 en 68 secondes au début du deuxième tiers, les Tessinois ont prouvé qu’ils avaient du caractère. «On se réjouit d’ailleurs de venir à Genève en mode play-off», prévient le Luganais Sébastien Reuille, le poing serré, rageur et ravageur, prêt à frapper un grand coup. Surtout si Robert Mayer est suspendu…

 

Simek bridé et déprimé

 

Parce que ses anciens coéquipiers de Ge/Servette le connaissent bien, Juraj Simek a passé une bien mauvaise soirée samedi. Bridé, déprimé, le pote bernois de Daniel Rubin, qui a rejoint le Tessin juste avant les play-off, s’est extrait de la Resega la tête dans ses patins. «J’étais un peu nerveux avant le match et cela s’est répercuté sur la glace, reconnaît l’ex-No 9 des Grenat. Je n’ai pas été en mesure de trouver la solution pour jouer mon vrai hockey. J’ai été mauvais, notre ligne aussi.» Et qu’en sera-t-il demain dans cette patinoire qu’il a griffée depuis 2011? «Cela m’a déjà fait bizarre ce samedi de parler avec les Genevois avant la partie et j’imagine que ce sera encore plus compliqué mardi à Genève. J’espère que j’aurai retrouvé mes sensations d’ici là, que nous prendrons moins de pénalités et que nous concrétiserons nos occasions.»