24 octobre 2016

Balayés par Kloten samedi soir (4-1), les Aigles ont le moral   à zéro. A l’image des leaders grenat, qui pointent aux abonnés absents

 

Il faut considérer la chiche victoire de vendredi, contre Ambri, pour ce qu’elle est: une vague embellie. Autrement dit une simple éclaircie dans un ciel grenat qui reste chargé, lourd. La vilaine défaite de samedi soir à Kloten a balayé les minces illusions que certains voulaient se faire: Genève-Servette patine depuis plusieurs semaines dans le vide en s’accrochant à une idée, brandie jusqu’à l’excuse, qui veut que par les temps qui courent les circonstances n’autorisent pas mieux que cette résignation.

 

Alors oui, il y a des blessés à la pelle. Il y a en a même qui jouent au courage, avec une triple fracture de la pommette (Kast) ou un nez cassé (Simek), sans parler de ceux qui manquent carrément à l’appel. Mais il y a aussi autre chose, comme un malaise qui s’installe, une forme de fatalisme qui semble gagner les Aigles à mesure qu’ils alignent les revers, le sixième à Kloten sur les sept derniers matches.

 

Des leaders si discrets

 

Chris McSorley martèle son discours avec l’énergie du désespoir. «Je crois plus que jamais dans cette équipe, soufflait-il samedi. Nous avons un contingent qui doit nous permettre d’être au top quand nous serons au complet.» Pourquoi pas, oui. Mais en attendant? Où sont les leaders attendus? Que fait Slater, perdu et sans efficacité? Que fait Spaling, égaré lui aussi? Où est le Fransson que l’on connaît? Tiens: même Loeffel a subi la loi de Hollenstein sur l’égalisation de Santala (23e). Parce que oui, les Aigles menaient au score avant de proposer un deuxième tiers affreux.

 

«Je n’ai pas pour habitude de laver mon linge sale en public, soupirait McSorley. Mais effectivement, les top joueurs du groupe doivent reconnaître que les résultats dépendent aussi de leurs performances. Cela me concerne également, nous sommes tous dans le même bateau et nous devons ramer dans la même direction, ensemble.»

 

C’est vrai, Genève-Servette rame, dans tous les sens du terme. Mais pas vraiment à l’unisson. Cette équipe est capable de mener 3-0 contre Ambri avant de laisser les Tessinois revenir au score pour finalement arracher une mince victoire. Cette formation peut montrer de belles choses, prendre les devants face à Kloten et s’effondrer ensuite. Tropisme de l’inconstance crasse, qui peut permettre aux Aigles de s’offrir des occasions en les ratant scrupuleusement, avant de s’égarer avec minutie, laissant les Aviateurs en profiter facilement. Pour tout dire, ils ne jouent pas ensemble, ou seulement par intermittence. Et si le courage est indéniable, il se mêle dans ce théâtre-là des scènes trop confuses pour que ce seul courage suffise.

 

Soucis à tous les niveaux

 

Timothy Kast, sur la glace malgré la douleur, ne le sent que trop bien. «Je ne sais pas trop comment expliquer ce qui arrive, soupirait-il. Mais on ne se «lit» pas bien, sur la glace. Et on ouvre des espaces. Nous n’arrivons pas à profiter des rebonds, c’est au contraire l’adversaire qui s’en régale. Nous devons aussi nous montrer plus lucides, plus efficaces. Parce que les occasions, nous les avons eues. Mais en n’en convertissant qu’une seule, c’est dur de gagner un match…»

 

Il y avait beaucoup de dépit dans le vestiaire servettien samedi soir. Même chez McSorley, comme si rien ne fonctionnait vraiment comme il le faudrait. A tous les étages, d’ailleurs. L’entraîneur des Aigles semble sous pression. Il est sûr que l’armée mexicaine qui a enflé en coulisses a sans doute contribué à fragiliser sa position, d’autant plus depuis le départ de l’ex-directeur général, Christophe Stucki, avec qui il formait un duo si complémentaire.

 

C’est cette double alchimie, sur la glace et en coulisses, qui s’est détériorée. L’une dépend-elle de l’autre et jusqu’à quel point? Toujours est-il que Genève-Servette rame, littéralement, mais que le bateau grenat ressemble à une galère pour l’instant.

 

Une semaine importante

 

Cette semaine, il y aura un match de Coupe, mardi soir à La Chaux-de-Fonds. «Nous n’avons pas le droit de perdre contre une équipe de LNB», lance Kast. Et une rencontre à domicile contre Lugano samedi. Deux chances de relever la tête. C’est même devenu indispensable avant la trêve internationale qui permettra aux Aigles de souffler. De retrouver notamment un Vukovic qui manque en défense et de compter, devant, sur un Gerbe au repos samedi, qui cherche encore ses marques et le rythme.