15 novembre 2018

Giflés à Berne mardi, les Grenat s’en vont ce jeudi à Lugano. Sont-ils capables de réagir? Témoignages d’experts

 

Et un, et deux, et… sept-zéro! À Berne, Ge/Servette, dominé dans tous les compartiments du jeu, a touché le fond. Septième déplacement pour autant de désillusions. Les Aigles poursuivent leur descente aux enfers. Avec, en prime, cinq buts encaissés en box-play, 57 minutes de pénalité et une pénalité de match. Plus dure est la chute.

 

«Même si ce n’était pas joli à voir, moi je préfère cette réaction avec les poings qu’une équipe qui se laisse marcher dessus, cela prouve qu’il y a du caractère», estime Geoffrey Vauclair, ancien joueur de Fribourg et de Lugano.

 

Gil Montandon, son ex-coéquipier à Gottéron, comme d’autres, pense au contraire que «les joueurs manquent de caractère, car s’ils en avaient vraiment, ils s’imposeraient chez le voisin, dans l’antre de leur ennemi, et pas uniquement à domicile.»

 

Reste qu’au-delà de la frustration, du manque de mental et de discipline, que se passe-t-il vraiment dans cette équipe? C’est quoi, le problème? Au terme de cette parodie de hockey, mardi soir dans la capitale, Chris McSorley a pointé un doigt accusateur en direction de ses leaders.

 

Alors que les Genevois reprennent la route, ce jeudi, pour Lugano, des experts ont leurs idées sur cette répétition de mauvaises performances de Grenat aussi amorphes sur la glace que leur boss derrière le banc.

 

«Je pense que Chris McSorley n’a plus de joueurs de qualité comme à l’époque, remarque le journaliste polémiste Klaus Zaugg. Les étrangers de Ge/Servette ne sont pas exceptionnels, sur le papier l’équipe est la plus faible formation de la ligue avec les Lakers de Rapperswil. Et alors que le jeu a changé, avec plus de vitesse et de finesse, Chris continue de jouer un hockey de dinosaure, physique et d’intimidation, avec des dinosaures et, en plus, un Robert Mayer qui est le pire gardien de la ligue.»

 

Consultant des «Puckalistes», sur La Télé, Geoffrey Vauclair est moins sévère. «Avec les blessures, d’emblée, de Wingels et de Bouma, les autres joueurs ont dépensé beaucoup d’énergie pour tenir l’équipe à flot et aujourd’hui ils sont fatigués physiquement et psychologiquement, à l’image des gardiens.»

 

Ancien arbitre et désormais consultant sur la chaîne MySports, Stéphane Rochette est d’avis que Ge/Servette, actuellement au dixième rang, est à sa place. «Les transferts suisses n’ont pas été de premier plan alors que les étrangers, qui étaient des éléments de rôle en NHL, ne sont pas des leaders. D’ailleurs, la question est de savoir s’il y en a dans cette équipe.» Pour le Québécois, Chris McSorley ne dispose pas dans son jeu des hommes pour appliquer son système agressif. «Avec une défense qui manque de mobilité et un Mayer souvent aux fraises, j’ai le sentiment que Ge/Servette ressemble à Davos, poursuit Rochette, même s’il y a plus de qualité aux Vernets…»

 

Selon Gil Montandon, c’est à l’entraîneur ontarien de trouver la solution et surtout d’asseoir son autorité. «Après avoir été mis à l’écart l’an passé, il est revenu en disant qu’il s’était assagi. C’était une erreur. Il n’aurait jamais dû déclarer ça, ajoute l’ancien international neuchâtelois. Il devait plutôt clamer qu’il était de retour avec des dents plus longues qu’avant, qu’il allait tout fracasser et faire peur à son vestiaire. Là, je le trouve trop passif avec des joueurs au comportement douteux. Le Bezina fait du Bezina, le Romy du Romy, le Rod du Rod, mais McSorley ne nous fait pas encore du McSorley. Le déclic devrait plus arriver par lui que par les joueurs. Qu’il insulte un arbitre ou fracasse la porte de la patinoire, par exemple. Et dès que le Chris refera du Chris, Genève va se remettre à gagner.»

 

C’est également le sentiment de Geoffrey Vauclair. «Genève a de la chance de posséder un coach capable de retirer plus du 100% de chaque joueur. Il ne peut plus faire le McSorley d’il y a dix ans, car les mentalités ont changé. Mais il va trouver les solutions, quitte à envoyer dans les tribunes certains éléments pour susciter une réaction. Ge/Servette ne doit pas paniquer, le LHC et Fribourg ont connu des soucis, Bienne va aussi en connaître, en cinquante matches c’est inévitable.» Et s’il avait raison?

 

Chris McSorley, qui aurait, semble-t-il, sérieusement monté le son dans le vestiaire à Berne après ce 7-0, sera-t-il suivi par ses hommes ce jeudi à Lugano?