24 novembre 2017

Ge/Servette était sa famille, toute sa vie. Michel Dumtschin, qui a été le speaker de toutes les catégories du club, s’en est allé à 70 ans

 

Depuis son jeune âge, tout le monde l’appelait affectueusement «Doudou», parce que son nom, d’origine russe, était trop compliqué à prononcer. De Genève à Lausanne, en passant par Fribourg et Zurich, il était connu partout comme le loup blanc.

Longtemps la voix officielle du club aux Vernets avant qu’on ne lui coupe son micro, Michel Dumtschin était devenu, depuis 2001, le speaker des juniors, des filles et de la deuxième équipe des Grenat. Même s’il n’avait jamais mis de patin de sa vie, de peur de se casser une jambe, il avait fait du hockey sa «canne» pour avancer, sa raison d’exister. Ancien sapeur-pompier, appointé de la Compagnie 1, l’homme était toujours tout feu, tout flamme. Ge/Servette, c’était son club, une famille, toute sa vie.

 

Élu «meilleur bénévole»

 

Après avoir travaillé durant trente ans chez Rolex, ce retraité était toujours à l’heure, le premier à la patinoire, sa résidence principale. Le McSorley’s Pub était sa cuisine et plus encore lorsqu’il avait besoin d’un petit remontant. Aussi, quand personne ne l’a revu, en ce début de semaine, commander son «bout de viande oignons et mayo» avec son Ricard, on s’est posé des questions. Il s’était endormi pour toujours, paisiblement, dans son studio de Champel. Il avait fêté ses 70 ans le 25 avril. Un choc pour tous ceux qui ont partagé sa route. «Il était déjà speaker quand mon père jouait ici, sourit Noah Rod. Toutes les heures qu’il a passées dans cette patinoire, son amour pour le club, c’était une icône.»

 

Élu meilleur bénévole par la Ville de Genève en 2011, «Doudou» recevait aussi régulièrement une coupe de la part de ses juniors en fin de saison. «C’était la seule patinoire où pour des parties de Bambinis ou de Piccolos, il nous mettait de la musique entre les engagements, se rappelle Thomas Heinimann, le cœur serré. On a tous en mémoire la manière dont il articulait notre nom. Il était très proche de nous…»

 

«Une énergie de dingue»

 

Pour son pote Yoan Massimino, «Doudou», c’était un emblème, comme l’aigle, comme Sherkan. «Il était venu me voir à l’hôpital pour mon opération, c’était l’ami de tout le monde, pas seulement le speaker.» Il ne l’oubliera jamais.

 

«Il était la petite lumière des Vernets, renchérit Floran Douay, qui avait 12 ans lorsqu’il l’a croisé pour la première fois, en 2007. C’était le premier personnage important que j’ai connu à Genève. À chaque match, il venait nous parler et apporter son soutien. Il était toujours là, dans les bons et moins bons moments. Pour blaguer ou encourager toutes les catégories du club. Aujourd’hui on est tous touchés, ce supporter pas comme les autres va laisser un grand vide. Je lui souhaite un bon repos dans les étoiles.»

 

Aujourd’hui à Kloten, Tim Bozon se souvient de cet «homme de l’ombre» qu’il avait connu quand son père, Philippe, jouait au GSHC. «Doudou», c’était une légende! s’exclame l’ancien junior du club grenat. C’est là qu’on se rend compte que du jour au lendemain, il peut se passer des choses, qu’il faut vraiment profiter de la vie, poursuit ce garçon de 23 ans qui a croisé la mort en mars 2014 au Canada, à la suite d’une méningite. À chaque fois que je revenais à Genève revoir des amis, il était toujours là. Il nous faisait rire et nous donnait une énergie de dingue.»

 

Adjoint de Craig Woodcroft, Louis Matte l’imite amicalement: «Salut mon ami, moi, les Bambinis, Piccolos, Moskitos, c’est fini, terminé!» A chaque fin de saison, c’était le même refrain. Doudou voulait s’arrêter. «Mais il était toujours là, dispo pour des coups de main lors de la reprise!» renchérit le Québécois, qui pensera très fort à lui, Michel Dumtschin, ce vendredi soir à Lausanne. Il était une voix. On l’appelait «Doudou»…

 

Power-play

 

L’affiche Ge/Servette se déplace pour la deuxième fois de la saison à Lausanne. Coup d’envoi ce vendredi à 19 h 45. Après trois confrontations, les Grenat mènent 2 à 1, grâce à leurs succès à domicile (3-1 et 6-1). Lors de leur dernier déplacement à Malley, le 10 octobre, les Aigles s’étaient inclinés 8-4 après avoir pourtant mené 3-1 à la mi-match. Il y a de la revanche dans l’air.

 

Hommage Lors de la venue de Fribourg-Gottéron, samedi aux Vernets, une minute d’applaudissement sera demandée au public pour saluer la mémoire de Michel Dumtschin, dit «Doudou», qui était le speaker officiel de Genève Futur Hockey, Ge/Servette II, Ge/Servette HC Féminin et Ge/Servette Hockey Club Association.

 

L’effectif Christophe Bays, Floran Douay, Noah Rod, Yoan Massimino, Eliott Antonietti et Nathan Gerbe sont blessés. Auguste Impose est prêté à Ajoie. Will Petschenig, absent les deux dernières semaines, pourrait être éligible. À Lausanne, John Gobbi, Matteo Nodari et Éric Walsky sont blessés alors que Dario Trutmann est incertain.

 

Le mot de Woodcroft «À Lausanne, contre une équipe très efficace devant son public, je m’attends à un match avec beaucoup d’énergie et énormément d’émotion. Les Lausannois, qui sont proches de nous au classement, vont arriver très forts. Nous serons prêts!»

 

Coupe de Suisse Les demi-finales, qui se joueront le jeudi 4 janvier, opposeront Bienne à Davos, et Rapperswil (SL) à Ajoie (SL).

 

«Les autorités genevoises ne devraient pas attendre. Et décider vite!»

Daniel Visentini

 

Le dossier de la nouvelle patinoire défraie la chronique depuis plusieurs mois déjà. Mais la situation s’est cristallisée depuis quelques jours autour d’un blocage. En résumé: les investisseurs, prêts à prendre à leur charge l’entièreté des coûts, pour plus de 300 millions et en apportant 150 millions de fonds propres, redoutent de ne pas être choisis comme… investisseurs si les autorités, comme elles semblent s’en réserver le droit, lancent un appel d’offres. Or, sans avoir la certitude d’être désignés, les investisseurs demeurent prudents et ne soutiennent pas comme ils avaient prévu de le faire les finances de Genève-Servette. Un club qui a dû avancer certaines sommes en attendant la fin du blocage. Tout est étroitement lié.

 

Dirk Hagge est un banquier privé allemand qui gère un fonds d’investissement (dont l’argent de la famille Quandt, actionnaire principal de BMW). Sa société est présente aux côtés d’autres dans le groupe qui a les épaules pour porter seul le projet de la nouvelle patinoire.

 

Jeudi, nous avons pu lui parler directement, après son communiqué de mardi. Il commence par calmer le jeu: «Par expérience, nous savons que tout prend du temps, explique-t-il. Il en est ressorti du positif jusque-là. Les autorités ont leur propre vitesse de fonctionnement, nous ne l’oublions pas, d’autant plus qu’il s’agit d’un projet important. Mais nous avons l’habitude que les choses aillent plus vite. Et nous ne pouvons pas rester bloqués dans la situation actuelle.»

 

Les investisseurs aimeraient aller de l’avant et considèrent que la balle est dans le camp des politiques. «Cela a déjà pris beaucoup de temps avec le travail de due diligence, rappelle Dirk Hagge. Nous aimerions, idéalement, que les autorités politiques genevoises se décident d’ici à la fin de l’année. Nous souhaitons que notre validation soit entérinée par un accord formel avec le gouvernement et que cela nous permette enfin d’avancer sur ce projet. Les autorités devraient se prononcer clairement.»

 

Et si cela continue de traîner, si tout ne se fait pas aussi vite que souhaité par les investisseurs? Quitteraient-ils le navire? «Nous n’avons pas à prendre de décision pour le moment, assure Hagge. Mais les autorités ne devraient pas attendre. Et décider vite.» Cela a un peu le ton d’un avertissement.