16 mars 2018

Ge/Servette ne trouve pas la solution face à un Berne vraiment trop fort. Les Aigles sauveront-ils l’honneur samedi?

 

C’est consternant! Géo Trouvetout passe toutes ses journées dans son laboratoire des Vernets ainsi qu’une bonne partie de ses nuits à bidouiller, bricoler, chercher une aiguille dans une botte de foin, il ne trouve toujours pas de solution. Que faire pour bien faire, pour dégoter l’antidote et inverser la tendance? Il a beau brasser toutes ses lignes, les retourner dans tous les sens, le résultat est à chaque fois le même. La bonne nouvelle, c’est que Da Costa a marqué. Mais cela n’a servi à rien. Trois matchs de play-off contre Berne, trois défaites, trois gifles. Ge/Servette n’a plus remporté un match dans une série depuis le 24 mars 2016. Neuf rencontres, neuf revers. Oui, consternant.

 

Du coup, conscient qu’il fallait essayer encore quelque chose, le coach a poursuivi, mercredi, son nettoyage de printemps, en ouvrant grand les fenêtres de son bureau. Il fallait donner un bon coup de balai dans les méninges de ses hommes en plein doute, les remettre sur le bon chemin et ranger les ego dans un coin pour repartir de plus belle au combat.

 

Groupe déstabilisé

 

Mettre Christophe Bays à la place de Robert Mayer en cage? Pourquoi pas, finalement. Mis sous pression, le portier titulaire avait cumulé les bévues et perdu toute sa confiance. Mais insister avec Romain Loeffel, adepte de la première passe quand il joue derrière, à l’aile droite, quelle hérésie! Comme continuer avec Dominic Forget en première ligne, venu malade de La Chaux-de-Fonds, cela aurait pu marcher, mais c’était tout de même surprenant!

 

Une fois encore, tous ces changements n’ont pas eu l’effet escompté. Au contraire, ils ont complètement déstabilisé un groupe démobilisé, impuissant.

 

Craig Woodcroft ne sait vraiment pas comment s’y prendre pour bousculer ce CP Berne, si impressionnant, vraiment trop fort pour les Grenat. C’est comme s’il se retrouvait dans une partie de Scrabble qu’avec des X, des Q, des K, des W et des Y: la mission est impossible.

 

Les Genevois y ont pourtant cru. Comme mardi, il y a eu une belle débauche d’énergie en début de rencontre, des joueurs solidaires qui se sont bien battus, qui ont gagné des duels, avec des tirs au but, mais cela s’est avéré encore une fois insuffisant face au rouleau compresseur de la capitale.

 

Il a suffi au double champion en titre d’appuyer sur le champignon pour accélérer et déclasser petit à petit les visiteurs. Au trot, sans forcer, une charge de Scherwey et le tour était joué. Oui, consternant.

 

Il y a parfois des miracles

 

Il n’y avait pas qu’une classe de différence mais tout un monde. Mais surtout une équipe en confiance, qui évolue ensemble depuis quelques saisons, avec un coach compétent, exigeant, d’expérience, qui ne s’est pas absenté trois semaines aux Jeux olympiques, mais qui avait bien préparé son affaire avec ses hommes.

 

Dans le sport, il y a parfois des miracles, des équipes au pied du mur qui trouvent comme par enchantement, on ne sait où, des forces insoupçonnées pour renverser des situations désespérées; un truc qu’on ne s’explique pas, qui depuis l’exploit du Barça se nomme la «remontada». En 2010, les Grenat avaient réussi cet exploit contre Fribourg. Mais bon, là, c’est Berne qui n’est plus qu’une partie pour passer en demi-finale. Consternant…

 

Il faudrait dix Tristan Scherwey aux Vernets (par Grégoire Surdez)

 

Il n’y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Pourtant cela saute aux yeux: Ge/Servette n’est plus que l’ombre de lui-même. En deux saisons, la pseudo-gouvernance made in NHL aura détruit l’âme d’une équipe qui avait réussi à inspirer le respect au-delà même de la Sarine. Il faut peut-être se souvenir que lorsque Mike Gillis et consorts ont pris le pouvoir aux Vernets, l’équipe couchait sur trois participations consécutives aux demi-finales des play-off. Que reste-t-il, deux ans plus tard, de ces folles soirées de mars contre Lugano, Fribourg, Zurich? Des cendres, rien que des cendres.

 

À vrai dire, s’il n’y a rien de honteux à perdre contre ce SCB taille patron, la manière, elle, fait peine à voir. Elle est pour tout dire assez inacceptable. Cela pourrait sembler réducteur de ne pointer du doigt qu’un seul homme, mais il est évident que Craig Woodcroft a échoué dans les grandes largeurs. Dès lors, il semble évident qu’il ne poursuivra pas son œuvre de destruction massive sans que ses supérieurs ne réagissent.

 

À deux à zéro dans la série, maître Bellanger et Pierre-Alain Regali, éternels optimistes, ont raté le coche en maintenant le Canadien à la bande. Ils mettront peut-être au crédit de Woodcroft ce dernier tiers de l’acte III que Ge/Servette n’a pas perdu…

 

On pourrait aussi leur souffler que ces Ours qui n’ont plus perdu une série depuis plus de deux ans constituaient un obstacle beaucoup trop grand pour un club qui ne fait que descendre. Encore et toujours. Le double champion possède un contingent superbement construit et équilibré. Un garçon a symbolisé presque à lui tout seul ce qui a manqué aux Aigles. On veut parler de Tristan Scherwey. L’ancien chien fou du hockey suisse, ou le vilain petit canard, c’est selon, place désormais toute son incroyable énergie au bon endroit. Ce jeudi soir, c’est lui qui a montré le chemin en deux temps. Tout d’abord en envoyant quelques charges bien senties. Puis en ouvrant la marque dans son jardin, au rebond. Il faudrait dix Scherwey aux Vernets pour retrouver une âme et tenter de gagner enfin un match de play-off. En attendant, il faudra se contenter d’un Woodcroft.