20 février 2016

Le 22 décembre, des ultras du LHC avaient violemment caillassé le bus des Grenat. A la veille de Kloten-Ge/Servette, le coach rebondit

 

A défaut des pierres de la honte, de cet hideux début de nuit jaillira peut-être un trait de lumière. Dans le bus fracassé qui ramenait Genè- ve-Servette dans ses pénates, Chris McSorley mesurait l’ampleur de la bêtise humaine: une victoire des Grenat à Malley, dans un climat délétère – affaire Quennec oblige – et l’inconscience de quelques-uns pour un odieux caillassage, qui laissera le coach genevois avec quatre points de suture au menton. Heurté par une lourde pierre qui venait de faire voler une vitre en éclats et qui avait frôlé le visage de son fils, l’entraîneur des Aigles était sous le choc, comme toute l’équipe. C’était le 22 décembre, joyeux Noël…

 

Quelques semaines plus tard, l’enquête de la police vaudoise a donc porté ses fruits. Deux jeunes appartenant à un groupe d’ultras du Lausanne HC ont été interpellés. Ils ont 20 et 24 ans. Ils ont reconnu les faits. L’histoire ne dit pas comment ils s’y sont pris pour lancer simultanément quatre pierres au moins, touchant le bus à quatre endroits différents. Passons. Non, l’histoire s’écrit désormais ailleurs.

 

Cette fois, c’est Chris McSorley qui dicte le scénario. Et il ne leur jette pas la pierre, à ces deux énergumènes. 

 

«Je retire ma plainte»

 

«Je n’ai pas l’intention d’envenimer encore la situation, expliquet-il calmement dans son bureau. Ces deux jeunes ont surtout été emportés par leurs émotions, dans un contexte spécial. Mais nous restons des êtres humains. Je veux pardonner. Pour ma part, je retire ma plainte. Et j’ai eu une idée. A la base, ces deux jeunes sont des fans de hockey. Je veux donc les inviter aux Vernets. Je veux qu’ils rencontrent le staff, mon fils et toute l’équipe. Et ensuite, nous irons manger ensemble. Dès que je connaîtrai leurs noms, je les contacterai pour les inviter ici.»

 

Une belle pirouette. Il y en aura toujours certains pour y relever de la démagogie. Ou alors une opération de communication. McSorley tranche net et s’explique.

 

Un message derrière ça 

 

«Ce n’est rien de tout cela, assuret-il. Personnellement, j’ai assez d’adrénaline trois fois par semaine durant 60 minutes pour perdre encore de l’énergie ailleurs, dans des démarches pénales de justice. Et puis il faut sans doute réfléchir différemment. Peut-être existe-t-il un message derrière tout cela…»

 

Un message? Ecrit à la pierre jusque dans son menton? «J’ai été le seul à avoir été touché, lance l’entraîneur des Aigles. Dieu merci. Il doit y avoir un GPS divin qui a dirigé la pierre.» Afin que celle-ci ne touche pas son fils, présent à son côté? «Non, là-haut, quelque chose a peut-être guidé la pierre pour qu’elle me touche moi, précisément. Pour qu’ellefrappe justement le boss. Je peux y voir une forme de message. Dans tous les cas, cela donne à réfléchir.» De cette réflexion au pardon, c’est le credo de McSorley. Un retour à la lumière après la noirceur des obscurs desseins de deux inconscients.

 

Ces deux ultras du Lausanne HC subiront forcément une interdiction de périmètre et d’autres conséquences en rapports avec leurs actes. Mais en attendant, ils auraient tort de refuser la main tendue par Chris McSorley. Audelà de toute considération politique, c’est un geste d’apaisement souhaité par l’entraîneur genevois et les siens.

 

De la rivalité? Oui. De la haine dans les faits? Non. «Je serai toujours le plus motivé du monde pour battre Lausanne, cela a toujours été le cas, rappelle McSorley. Mais il ne faut pas que l’on franchisse certaines limites. Alors si rencontrer deux jeunes peut calmer les esprits, tant mieux, c’est le but.»

 

Power-play

 

L’affiche Kloten - Ge/Servette, à 19 h 45. Les Aigles, déjà qualifiés pour les play-off, se battent toujours pour conserver la deuxième place du championnat régulier et ses avantages. En face, ils auront des Zurichois (8e) avec le couteau entre les dents, qui luttent pour éviter la barre synonyme de play-out. Ils sont talonnés par Berne.

 

Infirmerie Genève-Servette est toujours privé des services de Slater, Almond, Bays, Jacquemet et Iglesias, tous blessés. Mercier est incertain.

 

Mayer s’en veut Le portier des Aigles reste sur un terrible 6-1 encaissé à domicile. Une fessée administrée par Davos mardi soir. Robert Mayer culpabilise. «Je n’étais à mon niveau habituel, je m’en veux pour cela», peste-t-il. A l’image de toute l’équipe, il a été pris de vitesse, il ne porte de loin pas la seule responsabilité de la gifle reçue. «Mais je m’en veux notamment pour le premier but, soupire-t-il. Quand tu rencontres Davos, c’est toujours compliqué si tu les laisses mener au score, avec leur jeu rapide en contre.»

 

Une gifle salutaire? Avant d’affronter un Kloten qui réussit enfin très bien aux Genevois, la correction infligée par Davos est-elle un mal pour un bien? C’est ce que pense Chris McSorley. «Nous faisons une saison remarquable, notamment à domicile, explique-t-il. Peut-être que les joueurs ont un peu pris la grosse tête, se voyant trop beaux. La fessée de Davos, c’est le retour à la réalité. Ce n’est pas plus mal. Nous ne devons pas oublier une chose: notre force, c’est de jouer comme des morts de faim! Et c’est ce que j’attends à Kloten, où ce sera très dur.»