24 mars 2018

Romain Loeffel a quitté les Vernets la larme à l’œil. Avant de partir à Lugano, le défenseur revient sur cette période qui l’a relancé

 

C’est frustré, avec le cœur serré, qu’il avait déjà quitté, «triste et déçu», la PostFinance Arena mardi à Berne. Romain Loeffel, qui va évoluer désormais à Lugano, venait alors de disputer son dernier match avec un maillot blanc teinté de grenat sur les épaules.

 

 

«S’il est clair qu’on est tombé sur un gros morceau, j’estime qu’avec l’équipe que nous avions, il y avait malgré tout quelque chose de mieux à faire cette saison, regrettait le défenseur, quelques minutes après le baisser de rideau. Terminer ainsi, deux ans de suite, avec un 4-0 face à Zoug et un 4-1 contre Berne, cela donne un goût amer sur ma fin de parcours ici à Genève. Même s’il faut accepter et avancer…»

 

Trois jours ont passé et c’est cette fois-ci la larme à l’œil et l’âme en peine que l’international a pris congé des Vernets, acclamé comme il se doit par ses supporters. Cela s’est passé vendredi soir, lors de la cérémonie de clôture d’une saison plutôt étrange, chargée de gros nuages noirs dans les hautes sphères du club avant un changement à la tête.

 

«C’était un choix du coach»

 

«Je ne vous cache pas que les problèmes en coulisses nous ont un peu travaillés et dérangés, même si on n’avait pas trop envie d’en parler, reconnaît le néo-Luganais. Malgré tout, dans l’ensemble, on aurait pu mériter mieux qu’un petit tour en play-off. Cela dit, sur la glace, on n’a jamais su vraiment où on se situait au niveau du placement, c’était vraiment bizarre.» Et, faut-il le rappeler, lui, le défenseur, a même dû disputer, lors des actes II et III, deux rencontres en attaque!

 

«C’était un choix du coach, sourit-il. Dans la mesure où il y avait des blessés et un suspendu, le coach m’a dit qu’il me voyait bien évoluer dans cette position. Les gens ont beaucoup parlé autour mais moi, je n’ai pas trop réfléchi. J’ai pris ce rôle à cœur, en donnant tout ce que j’avais.» Comme à chaque fois qu’il a porté le tricot des Aigles d’ailleurs. S’il n’a pas démérité, en revanche il avait beaucoup manqué dans l’arrière-garde genevoise, où la qualité de sa première passe avait vraiment fait défaut!

 

Échange rocambolesque

 

Arrivé de manière rocambolesque à Genève le 1er février 2014 de Fribourg, après un échange avec John Fritsche et Jérémie Kamerzin, ce Chaux-de-Fonnier d’origine avait su rapidement se fondre dans le collectif des Grenat pour se révéler et se relancer. Et surtout, la preuve encore vendredi, se faire adopter par le public. «Il y avait un bon groupe de joueurs, des copains et un public toujours là pour nous malgré les résultats parfois moyens, raconte celui qui aura disputé 255 parties officielles (166 points/54 buts), toutes compétitions confondues. Je ne garderai que du bon à l’interne. J’ai passé quatre saisons et demie formidables, même si, sportivement en revanche, je suis déçu de n’avoir pas fait quelque chose de mieux que deux demi-finales en quatre ans!» Il n’aura, en fait, remporté qu’une Coupe Spengler.

 

Le titre à Lugano…

 

À Lugano, Loeffel va retrouver un club encore plus ambitieux et toujours en lice pour remporter le vase jaune cette saison. «C’est aussi une des raisons pour lesquelles j’ai signé là-bas, admet le Neuchâtelois de 27 ans. C’est une formation qui a le potentiel pour jouer le titre chaque année. Entre le déménagement, mon mariage et la préparation, il y a un gros été qui m’attend maintenant. Je ne vais pas voir le temps filer et me retrouver en moins de deux au Tessin.»

 

Entre-temps, le coach national Patrick Fischer lui aura peut-être transmis, après les JO de PyeongChang, une nouvelle convocation. «Comme je l’ai déjà dit, la Corée aura été une très belle expérience, même si on a tous été déçus sur la glace», soupire un Loeffel qui ne serait pas contre prendre sa revanche en mai au Danemark pour les Mondiaux.

 

En attendant, Romain Loeffel a quitté vendredi soir les Vernets le cœur serré, la larme à l’œil.

 

En attendant un nouveau coach, Laurent Strawson est président

 

Si Craig Woodcroft est toujours, ce matin, l’entraîneur de Ge/Servette, aux Vernets son siège vacille de plus. Le Canadien, qui avait succédé à Chris McSorley en fin de saison dernière, a eu droit à des sifflets vendredi soir alors que les Aigles prenaient congé de leurs supporters. Si au niveau des honneurs, Jérémy Wick a, lui, fait l’unanimité en récoltant pratiquement tous les trophées à disposition (du meilleur joueur, du MVP, du vestiaire, des coaches…), celui qui s’était absenté trois semaines aux Jeux olympiques avec le Team Canada, juste avant les play-off, se rend de plus en plus compte, comme la Tribune de Genève l’écrivait jeudi, que ses jours en Suisse sont comptés.

 

C’est actuellement le dossier le plus chaud d’un club qui a depuis ce vendredi un nouveau président. François Bellanger, qui assurait l’intérim depuis le départ de Hugh Quennec à fin du mois de janvier, a décidé de se retirer pour des raisons professionnelles. Cet avocat genevois et grand supporter des Grenat aura été l’un des artisans principaux qui ont permis au GSHC d’éviter la faillite et de retrouver, au moment opportun, des bases saines pour envisager le futur avec sérénité.

 

C’est un autre maître du barreau genevois qui lui succède. Âgé de 55 ans, Laurent Strawson, qui a déjà occupé le poste de vice-président des Aigles de 1997 à 2006, est de retour pour l’amour d’un club qu’il encourage depuis plus de quarante ans. «Nous devons redonner la priorité au sport. Nous avons la chance d’avoir un club pro au plus haut niveau du hockey suisse et ma priorité sera de tout mettre en œuvre pour honorer ce club, l’aider à tenir sa place la saison prochaine et permettre à l’équipe d’atteindre les objectifs ambitieux qu’elle mérite.» Au conseil d’administration, il sera assisté par Paul Neury (secrétaire) et Didier Fischer, le président du Servette FC.

 

Si Chris McSorley détient désormais les pleins pouvoirs dans son rôle de directeur sportif (il aura la responsabilité de trouver en urgence un nouveau coach, un remplaçant à Loeffel et de faire resigner les joueurs en fin de contrat), une autre bonne nouvelle va tomber ces prochains jours, à savoir le retour au club de Christophe Stucki, à un poste de directeur général qu’il avait déjà occupé de 2011 à 2016 avant de démissionner car il n’était plus sur la même longueur d’onde que Hugh Quennec et Mike Gillis. Avec ce Genevois très rigoureux, le GSHC a toujours fait du bénéfice.

 

Après une expérience d’un an dans cette fonction exigeante, Pierre-Alain Regali va donc rendre son tablier à la fin du mois de mars. Il paie les balbutiements de l’ancien président et les gros problèmes financiers qui ont fait bien du mal à un club sauvé in extremis par la Fondation 1860.

 

Le point sur l’effectif (par Grégoire Surdez)

 

GARDIENS

 

Ils restent: Robert Mayer (contrat valable jusqu’au terme de la saison 2019-2020) et Gauthier Descloux (2019) feront la paire. Avec un avantage clair au premier pour le poste de No 1.

 

Il est dans l’incertitude: Remo Giovannini, en reconstruction sportive aux Vernets, pourrait être mis sous contrat et prêté.

 

Il part: Christophe Bays (La Chaux-de-Fonds).

 

DÉFENSEURS

 

Ils sont sous contrat: Eliot Antonietti (2020), Arnaud Jacquemet (2021), Johan Fransson (2019), Henrik Tömmernes (2019), Jonathan Mercier (2019), Enzo Guebey (2019), Daniel Vukovic (2019).

 

Il arrive: Mike Völlmin (Langenthal LNB/2020).

 

Ils sont dans l’incertitude: Goran Bezina (fin de contrat), Will Petschenig (fin de contrat). Les deux joueurs souhaitent poursuivre.

 

Il part: Romain Loeffel (Lugano).

 

ATTAQUANTS

 

Ils sont sous contrat: Cody Almond (2019), Kevin Romy (2021), Adam Hasani (2019), Juraj Simek (2020), Jeremy Wick (2020), Daniel Rubin (2019), Makai Holdener (2019).

 

Ils partent: Tim Traber (Lausanne), Damien Riat (Bienne), Michael Keränen (Finlande?), Nicolas Leonelli (?).

 

Ils sont dans l’incertitude: Nick Spaling (fin de contrat), Thomas Heinimann (fin de contrat), Yoan Massimino (fin de contrat), Floran Douay (fin de contrat).

 

Ils prolongent: Guillaume Maillard (deux ans) et Kay Schweri (option d’un an activée par le club) restent aux Vernets.

 

Il pourrait arriver: Tim Kast, maltraité par les dirigeants et le staff technique de Zoug, ne serait sans doute pas contre un retour aux Vernets. Avec le départ de Damien Riat, le power-play des Aigles aurait bien besoin des mains en or de ce pur produit genevois. Chris McSorley a reconnu son erreur de n’avoir pas retenu l’attaquant la saison passée. Il suffirait d’un coup de fil pour se faire pardonner.

 

LES ÉTRANGERS

 

Ils restent: Johan Fransson et Henrik Tömmernes devraient honorer leur dernière année de contrat. Le second, devenu essentiel au fil de la saison, devrait négocier une prolongation de contrat rapidement.

 

Il part: Nick Spaling, si souvent blessé, ne sera probablement plus Grenat.

 

Il pourrait rester: le dossier Stéphane Da Costa a été ouvert dès la fin de saison. Le génial attaquant français se plaît en Suisse, et a fortiori à Genève. Tout dépendra des ambitions de la Fondation 1890 et d’offres éventuelles en provenance de NHL. Reste que tous les fans espèrent revoir Stéphane Da Costa avec un chandail grenat sur les épaules, après un véritable travail de fond estival. Rappelons qu’il avait dû faire l’impasse sur une préparation digne de ce nom il y a un an en raison d’une opération à l’urètre.

 

La priorité: pour accompagner Da Costa, l’engagement d’un vrai buteur doit être l’unique priorité de la direction technique.