28 mars 2017

Nouveau patron de Ge/Servette, Mike Gillis fait le point sur les dossiers en cours avec optimisme

 

Graphiques à l’appui, il rappelle qu’il a connu un gros succès en NHL avec Vancouver. Qu’il a été élu manager de l’année en 2011. Et que ce qu’il a réussi outre-Atlantique, il peut le répéter à Genève. Mike Gillis (58 ans) en est même convaincu. Son discours se veut objectif, confiant et rassurant. Il n’est pas question de «communauté» ou de «titre». Mais de «respect» et «d’honnêteté». C’est déjà un bon début. Administrateur délégué de Ge/Servette, le Canadien est venu dans les locaux de la Tribune de Genève présenter ses idées. Avec l’assurance d’un patron.

 

Son projet

 

Depuis qu’il a débarqué aux Vernets, en août 2016, l’ex-attaquant de Boston a pris le temps d’écouter et d’observer. Son constat: «Je pense qu’on peut faire mieux dans tous les domaines en devenant plus professionnel, estime-t-il. Que ce soit au niveau administratif ou sportif, on peut améliorer le club comme je l’ai fait à Vancouver.» Durant sa période avec les Canucks (de 2008 à 2014), il a obtenu, de 2011 à son départ, des résultats qui n’avaient jamais été réalisés auparavant. Dans son analyse et sa philosophie, Mike Gillis imagine même, «dans l’absolu», que Ge/Servette pourrait se passer d’apport étranger, que le potentiel des joueurs suisses est mal exploité. «Or, pour que ce projet fonctionne, tout le monde doit aller dans la même direction…» Un écart conduirait à l’échec.

 

Pourquoi Genève?

 

Avant d’accepter l’offre des Genevois, Mike Gillis avait reçu, c’est lui qui le dit, d’autres propositions de NHL. Mais pourquoi avoir choisi la Suisse? «J’ai été joueur, agent et «general manager» mais encore jamais actionnaire d’un club, explique l’administrateur délégué. C’était une belle opportunité. Genève a tout pour devenir une ville de hockey. C’est un challenge intéressant qui va au-delà de l’équipe, avec le projet de la nouvelle patinoire.»

 

Quid de Chris McSorley…

 

Très populaire à Genève, soutenu par les fans et les sponsors, Chris McSorley n’est plus l’entraîneur des Aigles. Ainsi en a décidé le conseil d’administration. «Après les auditions des joueurs et du staff, on est arrivé à la conclusion qu’il fallait changer quelque chose. Et c’est Chris, lui-même, qui a décidé, au cours d’un dialogue très constructif, d’être libéré du coaching», assure Mike Gillis.

 

Et quel sera son rôle? «Je pense qu’il sera très compétent dans ce rôle de «general manager», poursuit le boss. J’espère même qu’il deviendra, pour le bien de l’équipe et du club, le meilleur «general manager» d’Europe.» Sa présence au club pourrait-elle empêcher des joueurs de venir à Genève comme ce fut le cas quand il était entraîneur? «Je ne le pense pas», dit-il.

 

Le nouveau coach

 

Qui se trouvera à la bande à la reprise aux Vernets? «Le choix sera validé par le conseil d’administration sur la base d’un cahier des charges et des propositions qui lui seront soumises par la direction sportive, remarque encore Gillis. La dimension sportive sera essentielle mais le conseil prendra aussi en considération d’autres critères, notamment la personnalité extra-sportive de l’entraîneur.» Selon l’ex-manager de Vancouver, ce ne sera pas forcément un coach de NHL.

 

Des renforts en vue

 

Après la décision de Francis Paré de retrouver la KHL et de Noah Rod de signer un contrat avec les Sharks de San José, quelle équipe sera à disposition du nouveau coach? «Le noyau est bon, rapporte l’ex-manager. Lors des play-off, personne n’a évolué à son vrai niveau. Le power play et le box-play ne fonctionnaient pas et l’attitude n’était pas bonne non plus. Une mauvaise agressivité, trop de pénalités. Je reste persuadé que ces joueurs-là pourront s’adapter à un nouveau coach et un autre système de jeu.» Y aura-t-il, comme promis, des arrivées de joueurs suisses confirmés? Le club est en discussion avec des éléments chevronnés. «Mais, précise Gillis, on ne peut pas vous en parler car ils sont encore en course pour le titre.» Chris McSorley aurait même déjà signé avec un joueur ce lundi…

 

Le budget

 

Avec l’engagement d’un nouveau coach qui pourrait débarquer avec ses adjoints, de gros renforts en perspective, le budget devrait subir un réajustement. «A priori, reprend Gillis, on devrait partir sur un budget stable tout en ajoutant le million des droits téléversés aux clubs par Cablecom.» Pour assurer le train de vie des Grenat, Gillis évoque la possibilité de financement additionnel en fonction de l’avancement du projet…

 

La nouvelle patinoire

 

Et qu’en est-il du Trèfle-Blanc? Mike Gillis: «Les choses avancent dans la bonne direction, avec des rendez-vous réguliers, assure-t-il. On est confiant. Même si nous sommes conscients que le processus doit être réalisé selon les règles de l’art et que cela requiert du temps. Nous devons cependant faire attention à ne pas faire durer ce processus trop longtemps. Car, si cela vient à se prolonger, l’appétit des gens peut doucement s’amenuiser.» Selon nos informations, certains investisseurs auraient rencontré récemment les autorités du canton pour faire avancer le dossier. Le business plan est prêt, chiffres à l’appui…

 

On attend des actes (par Grégoire Surdez)

 

C’est un tremblement de terre qui secoue le hockey genevois. Le visage de Ge/Servette subit bien davantage qu’un simple lifting. C’est une véritable métamorphose à laquelle le peuple grenat assiste. Avec son lot d’interrogations, son lot de gros doutes. Avec son lot de défiance vis-à-vis d’une équipe qui se met en place dans la douleur. Avec son lot d’espoirs, aussi.

 

En chef de file de ce Ge/Servette qui veut voir grand, un homme, Mike Gillis, se profile comme le nouveau patron. L’ancien «general manager» des Canucks de Vancouver, en NHL, a pris le pouvoir lors d’une conférence de presse mercredi 22 mars. Ce jour-là, Chris McSorley a annoncé qu’il abandonnait le poste d’entraîneur. Une révolution après seize ans de règne.

 

Mike Gillis affirme que cette décision a été prise par McSorley lui-même. On n’est pas obligé de le croire. On peut aussi imaginer qu’en bon financier, il a mis dans la balance les conséquences – économiques et populaires – d’un licenciement sec de l’ancien «boss» des Vernets.

 

Il se dit donc persuadé que Chris McSorley est le meilleur pour occuper ce poste de «general manager». Il appelle même de ses vœux que l’Ontarien «soit le meilleur en Europe à ce poste».

 

Il n’en dira pas tant de celui qui est encore président des Aigles: Hugh Quennec.

 

En annonçant qu’il allait très prochainement devenir copropriétaire du club à hauteur de 50%, Gillis a donné le coup de grâce à un homme dont le discrédit auprès des autorités n’est pas une vue de l’esprit.

 

En prenant de fait le pouvoir, Mike Gillis, qui est aussi l’homme des investisseurs du futur complexe de la nouvelle patinoire, lance un signe fort à des politiques qui n’en finissent pas de vérifier – avec une troublante minutie – la crédibilité de ces financiers.

 

Gillis croise les doigts. Tout son projet repose sur la réussite de ce dossier. Lui qui voit grand pour Genève espère pouvoir être jugé sur autre chose que des paroles.

 

Pour éviter un nouveau tremblement de terre, on attend des actes.