8 novembre 2016

Le top scorer des Aigles n’est pas apprécié à Lausanne depuis qu’il a blessé Daniel Bang. Mais ce soir, il y retournera avec plaisir

 

Contrairement à la chanson de Sardou, il n’est pas arrivé un beau matin du mois de mai avec à la main les beignets que sa mère lui avait faits. Mais à la fin de mars, timidement, sur la pointe des pieds, en toute discrétion. Or c’est bien connu, il faut se méfier de l’eau qui dort. «Il s’exprime peu, mais c’est un bon», précise Jimmy Omer, le chef mat et confident des Aigles, qui l’apprécie beaucoup. «C’est vraiment un bon gars», renchérit Noah Rod.

 

Depuis ce fameux jour de 2014, que de chemin parcouru par Jeremy Wick. Le garçon a pris du galon, de l’assurance et des responsabilités. Il a tellement brillé sur la glace qu’avec ses quatre buts et six assists, il a même hérité du casque d’or sur sa tête. «D’un côté, c’est excitant mais de l’autre, c’est aussi frustrant, remarque l’attaquant. Car depuis que j’ai cette tenue jaune sur le corps, j’ai moins d’espace pour m’exprimer. J’attends donc avec impatience que quelqu’un dans l’équipe vienne me relayer dans ce rôle-là!» Romain Loeffel n’a qu’un point de retard…

 

Or, avant d’être cet élément essentiel sur l’échiquier des Aigles, de prolonger son contrat jusqu’en 2020 et de devenir international, l’ancien universitaire de St. Lawrence a dû reculer en LNB avant de s’imposer. «Sur le moment, j’étais très déçu qu’on m’envoie à Martigny mais, reconnaît ce joueur de 27 ans, ce passage en Valais, à l’étage du dessous, m’a permis de bien m’acclimater aux dimensions des patinoires européennes et de revenir à Genève en pleine confiance.»

 

Le déclic à la Spengler

 

C’est finalement à Davos, à la Coupe Spengler, lors de la 2e victoire des Grenat, qu’il a vraiment convaincu son chef. «Jeremy est un joueur complet qui combine le talent, des qualités techniques et une évidente capacité d’intimidation de l’adversaire grâce, notamment, à son rôle intense et physique dans notre alignement», s’extasie Chris McSorley. Le Lucky Luke de la mise en échec, qui charge plus vite que son ombre, ne pouvait pas déplaire à son entraîneur. «Je suis un joueur physique qui aime travailler fort et qui va volontiers dans les endroits où ça fait mal», confirme ce pince-sans-rire qui, en dehors du boulot ou dans le vestiaire, aime bien rigoler et raconter des gags.

 

Bang ne lui en a pas voulu

 

Pas certain toutefois que ses histoires drôles fassent rigoler les Lausannois. «Moi, j’aime bien jouer là-bas, assure-t-il, même si je sais que je ne suis pas apprécié. Car cette grosse ambiance nous donne beaucoup d’énergie.» Depuis le 22 janvier 2015, à Malley, il est détesté par les fans du LHC. «Pourtant, se souvient Jeremy Wick, c’était une charge correcte, à la hauteur des épaules.» Le Servettien n’a pas oublié, lui non plus, cette mise en échec sur Daniel Bang, qui n’a plus jamais rejoué au hockey depuis. «Sur le coup, je ne me suis pas rendu compte que le Suédois était blessé, poursuit le No 18. D’ailleurs, lui n’était pas fâché contre moi. Vous savez, même si sur la glace on a le rôle du méchant, on n’aime jamais voir un adversaire ou un coéquipier avec une grosse commotion.»

 

Après le succès probant des Grenat face à Lugano avant la pause de l’équipe nationale, Jeremy Wick compte bien poursuivre sur cette lancée. «On a une belle équipe, où on rêve tous de disputer une finale et de ramener en fin de saison le trophée aux Vernets», sourit celui qui ne va pas arriver à Malley avec les beignets que sa mère a faits, mais avec son casque jaune de top scorer sur la tête et en confiance. Même s’il n’est pas le bienvenu…

 

«Une belle expérience»

 

Quand il n’était encore qu’un petit garçon, qu’il donnait ses premiers coups de patin à Grand Valley, il se voyait bien, entre des cours de trompette et un touchdown sur un terrain de football américain, un jour en NHL. «Comme tous les gamins au Canada, tu rêves forcément de ça», sourit Jeremy Wick, qui plus tard, a eu des touches avec Chicago et Phoenix.

 

Mais c’était avant que ce détenteur d’un bachelor en psychologie ne découvre la Suisse, le pays de ses parents et grands-parents qui se sont installés un jour dans l’Ontario. «Ma maman vient de Rapperswil mais mon père, qui a aussi un passeport helvétique, est né au Canada», explique ce hockeyeur qui est tout de suite tombé sous le charme de cet «endroit merveilleux pour y vivre», avec, ajoute-t-il, «un superniveau de hockey».

 

S’il ne parle pas le schwyzerdütsch, langue de ses ancêtres, son cœur y est. «Comme le français, que j’apprends désormais assidûment, je le comprends. Je suis surtout heureux d’être à Genève.» Pour lui, c’est son eldorado. Surtout depuis qu’il a enfilé, la semaine dernière, le tricot rouge à croix blanche.

 

A l’instar de Noah Rod, il s’agissait de son baptême du jeu, de sa toute première fois avec l’équipe nationale. Un honneur même si les résultats n’ont pas été à la hauteur de ses attentes.

 

Jeremy Wick est en effet rentré d’Allemagne avec des sentiments mitigés. «C’était pour moi une très belle expérience et je suis vraiment très heureux d’avoir pu participer à cette Deutschland Cup en faisant notamment de nouvelles connaissances, mais, regrette-t-il, c’est forcément frustrant de n’avoir pas été en mesure de remporter un seul match!»

 

Pour rappel, les Helvètes se sont inclinés à trois reprises, contre le Canada (3-0), l’Allemagne (3-2) et la Slovaquie (4-1). Il aura manqué à Wick et ses copains, toujours aussi empruntés devant la cage, quelques buts de plus, la signature au bas du tableau, ce qui fait encore la différence avec les autres artistes.

 

A Augsburg, le néo-international a toutefois profité de lancer le derby avec les Lausannois Genazzi, Froidevaux et Herren. «On s’est tout de suite très bien entendus, ce qui va rajouter du piment entre nous ce soir sur la glace. Il y aura un beau match dans le match!» Comme quoi, Jeremy a aussi des amis à Malley!

 

Power-play

 

L’affiche Deuxième derby lémanique de la saison: Ge/Servette, victorieux de Lausanne le 1er octobre (5-3) aux Vernets, se rend ce soir (19 h 45) à Malley pour la revanche.

 

Statistique La saison dernière, Lausanne s’était imposé à deux reprises face aux Aigles sur sa glace (5-3 et 5-1) et les Genevois une fois (3-0). «Cette saison, mon équipe a une petite revanche à prendre», sourit le mentor des Lions, Dan Ratushny.

 

Le retour Cody Almond, qui avait été victime au début du mois d’octobre d’une vilaine charge à Berne (déchirure musculaire aux obliques), est de retour au jeu. Romain Loeffel et Jeremy Wick, revenus hier matin de la Deutschland Cup avec de petits bobos, se sont contentés de s’entraîner en salle de force.

 

A l’infirmerie Si Daniel Vukovic (touché à une cuisse) n’est pas très loin de retrouver sa place dans l’alignement, son retour n’est pas encore pour ce soir. Eliot Antonietti (genou), Yoan Massimino (bas du corps) et Floran Douay (dos) ne sont toujours pas à disposition. Thomas Heinimann (il a été opéré d’une appendicite) est convalescent. A Lausanne, Ped Lubdin sera surnuméraire.

 

La phrase «Il progresse de jour en jour», se réjouit Chris McSorley à propos de Nathan Gerbe, lequel virevolte sur la glace.