9 mars 2017

Passionné de kick-boxing, le Zougois est un dur sur la glace mais ne fait pas peur aux Aigles. Lui se défend d’être un joueur méchant

 

On l’a surnommé l’«homme de Neandertal» ou «Kung Fu Panda». Dans le milieu, Johann Morant ne laisse personne indifférent. «C’est un homme avec une seule cellule dans son cerveau», s’était même exclamé un jour Peter Zahner, le boss des ZSC Lions, après que le Franco-Suisse eut écopé de quatorze matches de suspension suite à l’une de ses nombreuses agressions. C’était en 2012, à l’époque où l’intéressé évoluait à Berne. Que n’a-t-on pas dit sur ce joueur aussi armoire que pas commode sur la glace, qui a construit sa réputation sur son intimidation. «Mais Ge/Servette n’est pas une équipe impressionnée par un type comme lui, sourit Chris McSorley. Même notre petit Nathan Gerbe n’en a pas peur.» A l’image des Zougois, Morant a cependant quitté les Vernets avec la banane, mardi; le sourire de celui qui venait de réussir un joli coup avant le troisième acte de ce soir.

 

Johann Morant, quand on vous voit ainsi, vous n’avez rien d’un voyou. Peut-on parler de double personnalité, comme Dr. Jekyll et M. Hyde, d’un rôle que vous interprétez une fois dans votre tunique de hockeyeur?

 

Non, je suis vraiment un malade mental! J’adore frapper ma femme et mes enfants…

 

Et vous aimez plaisanter…

 

Demandez aux gens qui me côtoient, ils vous diront que je ne suis pas un voyou. Moi, en tout cas, je n’ai pas l’impression d’en être un sur la glace. Quand on voit le nombre de suspensions ou de pénalités que j’ai pris dans ma carrière, il n’y a rien de scandaleux. Je sais aussi jouer au hockey. Ce sont certains journalistes qui m’ont fait passer pour un gros dur et ça les amuse, mais moi je me moque de ce qu’on raconte sur moi.

 

Mais vous ne pouvez pas cacher être un joueur dur sur la glace et que c’est votre rôle, comme Rüfenacht, Lapierre ou Traber…

 

Oui et j’assume. Disons que j’ai une très grosse force physique et que je m’en sers pour jouer. Mais cela ne va pas plus loin. On m’a appelé «Kung Fu Panda» sous prétexte que je pratique les arts martiaux. C’est vrai mais c’est un passe-temps. Ce n’est pas quelque chose de très utile sur la glace. Les bagarres sont différentes des combats. Je ne pense pas que les arts martiaux transforment quelqu’un en voyou. C’est plutôt l’inverse. Dans les salles de boxe, de judo ou de karaté, les gens apprennent à se contrôler et à utiliser leur force à bon escient.

 

Pratiquez-vous régulièrement les arts martiaux?

 

De temps en temps, l’été, avec quatre ou cinq joueurs de Zoug, on s’entraîne avec un champion du monde de kick-boxing amateur à Engelberg. C’est très intéressant au niveau cardio et musculaire. Ça nous permet aussi de vider la tête.

 

Après une charge à la tête sur Fransson au mois de novembre qui vous a valu quatre matches de suspension, puis une autre sur Noah Rod en début d’année, vous n’avez pas que des amis à Genève. On se trompe?

 

Concernant Noah, je n’ai aucun problème avec lui. Je suis allé le voir après la charge pour prendre de ses nouvelles et lui dire que ce n’était pas une agression. Je me trompe peut-être mais je pense n’avoir aucun contentieux personnel avec des joueurs de LNA. J’ai déjà bourlingué dans pas mal d’équipes et je pense avoir davantage d’amis que d’ennemis dans la Ligue. Je fais mon job et tout ce qu’il faut pour gagner. Hors de la glace, cela s’arrête là.

 

Vous menez 2 à 0 dans la série. Ce jeudi vous avez l’occasion de vous échapper…

 

On sait que le dernier point est toujours le plus compliqué à aller chercher, donc ce n’est pas le moment de se réjouir. Nous ne sommes qu’au milieu de la série. Il n’y aura pas de match facile, car les Genevois ne vont rien lâcher. Comme l’acte No 1, la suite va se jouer sur des centimètres. Les play-off ce sont des détails, comme les situations spéciales. Maintenant, on est prêt à retourner dans les tranchées et à faire le travail dans les bandes. Cette année, on possède une équipe très solide, on s’est renforcé physiquement. Avec Klingberg et McIntyre, très agressif et dur à battre dans les bandes, on est là pour aller loin. Il reste dix victoires jusqu’au titre. A nous de commencer aussi fort ce troisième match. Si on joue notre meilleur hockey, ce sera très compliqué pour Genève…

 

Power-play

 

L’affiche Acte III des quarts de finale des play-off: Ge/Servette, mené 2-0 dans la série, joue ce jeudi soir à Zoug (19 h 45).

 

Infirmerie Tim Kast (genou) ne rejouera plus cette saison.

 

Vukovic suspendu Les Aigles ont pris la route ce mercredi déjà. Auteur d’un très vilain geste sur Sven Senteler à la 59e, qui lui a valu une pénalité majeure et une méconduite de match, Daniel Vukovic est suspendu pour cette troisième rencontre. Il s’en sort bien...

 

Grossmann aussi Du côté de Zoug, le défenseur Robin Grossmann a également écopé d’un match de suspension et d’une amende de 1230 francs pour un coup de genou asséné à Romain Loeffel à la 45e.

 

Bezina ne panique pas

 

Lui qui dispute ses dixièmes play-off avec les Grenat (84 matches!), il en a vu d’autres. Ce n’est pas parce que Zoug mène 2-0 dans la série que Goran Bezina et les Servettiens vont se mettre à paniquer. «On va se relever et gagner ce jeudi à Zoug, affirme de manière péremptoire le défenseur valaisan. Mardi soir, il y a eu beaucoup trop de pénalités et, du coup, on n’a jamais réussi à se mettre dans le match. A peine avait-on commencé qu’on encaissait un but en infériorité numérique, puis un deuxième dans les mêmes circonstances. Mentalement, on ne s’en est pas remis. En plus, avec autant de punitions, lors de situations spéciales le banc ne tourne plus de la même façon et il y a des joueurs qui sont restés assis trop longtemps. Par conséquent, il n’y avait pas de rythme.»

 

Qu’en sera-t-il ce jeudi avec le retour de Francis Paré, son camarade avec lequel il faisait la paire à Zagreb? «Slater a été bon en amenant un jeu plus physique, poursuit Goran. Avec Francis ce sera différent. Il vaut deux points par match, je sais ce qu’il peut nous apporter offensivement.» Les Zougois vont apprendre à le connaître!