27 janvier 2018

Hugh Quennec n’est plus président de Ge/Servette. C’est une fondation genevoise qui est majoritaire. En plus, les Aigles ont gagné!

 

C’est une journée qui sentait le soufre, elle a été explosive! Le derby s’annonçait déjà chaud bouillant et il a tenu toutes ses promesses sur la glace avec une victoire si précieuse des Aigles face à Lausanne. Mais c’est surtout dans les coulisses que la déflagration la plus forte s’est produite à la suite de la bombe lâchée par le club vers 18 heures. Les fans avaient prévu une grande opération dans les tribunes avant le match, ils ont pu ranger leurs banderoles. Si Marc Rosset a pris place, comme d’habitude, dans la loge présidentielle, cette fois-ci, c’est François Bellanger qui était assis à côté de lui, plus Hugh Quennec…

 

Le Canado-Suisse n’est pas venu aux Vernets ce vendredi soir. La pression était si forte ces derniers jours qu’il a préféré démissionner avec effet immédiat du conseil d’administration de Ge/Servette, un club qu’il dirigeait depuis 2006. Et prochainement de la présidence de l’Association Genève Futur Hockey, de celle du Genève-Servette Hockey Club pour l’enfance et l’humanitaire et du comité de l’Association cantonale genevoise de hockey sur glace. Alors qu’il était majoritaire depuis que Chris McSorley avait cédé ses actions il y a deux ans, c’est désormais la Fondation 1890, celle qui avait déjà sauvé le Servette FC en 2015, qui s’est emparée de toutes ses parts.

 

Il semblerait donc que ce soit la Fondation Hans Wilsdorf (Rolex) qui devrait se charger de régler les gros problèmes de trésorerie actuels (dont notamment les charges sociales et les salaires) et permettre à Ge/Servette de terminer sa saison avec sérénité avant d’en assurer la pérennité. En passant le témoin à un groupe local où figureraient un certain Chris McSorley et un grand nom de l’immobilier à Genève? Ce n’est pas impossible.

 

Pour l’heure, Mike Gillis et Peter Gall sont toujours dans le conseil d’administration. Mais rien ne dit qu’ils seront encore là dans quelques semaines. La patinoire? Là, aussi, affaire à suivre.

 

Si Hugh Quennec n’a pas souhaité se rendre aux Vernets, il s’est malgré tout confié à la Tribune de Genève. «Aujourd’hui, c’est une bonne nouvelle, tout le monde peut être rassuré maintenant!»

 

Les supporters voulaient votre peau, ils l’ont eue…

 

C’était dur d’entendre tout ça mais je comprends complètement leur réaction. Car quand on adore un club, que l’on parle de «faillite» ou de «relégation», l’émotion devient vraiment forte. C’était un peu extrême mais cela faisait partie de la situation et je l’assume.

 

Vous vous êtes accroché jusqu’au bout pour chercher une solution et elle n’est pas venue…

 

Si, on l’a trouvée, puisque cette solution va permettre d’amener la sérénité jusqu’à la fin de la saison et une pérennité pour le club.

 

Cette solution, c’est la Fondation Hans Wilsdorf?

 

C’est une fondation genevoise mais je ne peux pas divulguer de nom. Je peux juste vous assurer que cette institution reprend mes actions et va assurer l’avenir du club.

 

Mais vous avez cru jusqu’au bout pouvoir rester à la présidence d’un club qui vous tenait à cœur?

 

Oui, c’est vrai. Avec le conseil d’administration, on a cherché diverses solutions et, à la fin de la journée, il s’est avéré que celle-ci était la meilleure pour le club. C’est clair que j’aurais voulu rester propriétaire et président, mais avec les problèmes budgétaires et financiers qu’on a connus ces dernières saisons, ce n’était malheureusement plus possible. Désormais, les comptes sont équilibrés. Je le répète, c’est une bonne journée pour le club.

 

Avez-vous subi des grosses pressions, des menaces? Hugh Quennec, avez-vous eu peur?

 

Non, ce n’est pas dans ma nature. Il est vrai qu’aujourd’hui, avec les réseaux sociaux, on vit dans un monde qui est différent de 2005: les choses s’amplifient très vite. Même si la frustration était extrême, je comprends la colère des gens.

 

Qu’allez-vous faire maintenant, sans hockey?

 

Je n’ai pas encore réfléchi. Aujourd’hui, l’important est que le club soit entre de bonnes mains. C’est surtout quelque chose qui va m’aider à être tranquille. Après, mon avenir, je vais en parler avec ma famille, mes amis. Là, je n’en ai aucune idée. J’ai 52 ans, encore beaucoup d’énergie et plein d’idées. Je suis sûr que je vais trouver des bonnes choses à faire…

 

Quels souvenirs garderez-vous de votre passage?

 

Il y a eu beaucoup de moments incroyables. J’avais l’objectif de remplir la patinoire à tous les matches. Par moments, on a joué à guichets fermés. C’était magique que la communauté genevoise se rassemble autour du club. Je retiendrai aussi que l’Association Genève Futur Hockey s’est développée énormément en produisant des joueurs qui sont aujourd’hui professionnels. Je n’oublierai pas toutes ces rencontres que j’ai faites grâce à Ge/Servette: des joueurs, des employés, des bénévoles, des partenaires et des supporters qui adorent tous ce club. Et mes deux finales ainsi que les deux victoires en Coupe Spengler… Il n’aura manqué que le titre!

 

Vous allez rester supporter de Ge/Servette?

 

Comme j’adore le sport, je suivrai toujours les résultats des équipes grenat…

 

Vous n’étiez pas aux Vernets ce vendredi?

 

C’était mieux pour tout le monde. C’était une journée pour le club. Je reviendrai peut-être plus tard, si je suis invité. Ou j’achèterai mon billet comme tout le monde.

 

C’est la victoire qu’il fallait aux Aigles…

 

Toute la semaine, ils ont répété que ce match, il ne fallait pas le rater. Surtout pas celui-là, pas maintenant. Les joueurs, tous conscients de la situation, savaient que ce n’était pas le moment de lâcher des points. Si leur vœu a été finalement exaucé, il s’en est fallu de peu pour que ce derby leur file entre les doigts. Les Grenat avaient pris, croyait-on, un avantage décisif après avoir inversé le score grâce à des buts de Loeffel (13e), Simek (17e), Tömmernes (38e, à 5 contre 3) et Riat (39e). Mais les Lausannois ont profité d’une bourde de Johan Fransson pour se relancer. Robert Mayer s’est toutefois montré impérial (52e) devant Antonietti avant que Martin Gernat (55e) ne manque lui aussi l’égalisation. «Elle est vraiment belle cette victoire, cela n’a pas été facile, mais ce sont les points qu’il nous fallait, jubilait Damien Riat. On leur a donné des occasions sur la fin, tant mieux pour nous si LHC les a manqués». Alors que le GSHC (7e) compte trois points d’avance sur Langnau, il se rendra ce soir à Zoug en confiance. «Cela va être compliqué, mais si on joue notre système, qu’on sort un bon match, on peut encore gagner», renchérit un Riat lui aussi rassuré…