25 octobre 2017

Genève-Servette a retrouvé son état d’esprit, une équipe et son public. Bienne s’est cassé les dents contre des Grenat insatiables.

 

Depuis son arrivée à Genève, Craig Woodcroft le répétait à l’envi, à qui voulait bien l’entendre: qu’il fallait être patient, qu’il savait où il allait et par quelles étapes il faudrait passer pour y arriver. Qu’on devait lui faire confiance, qu’une fois que ses hommes auraient saisi toutes les subtilités de son système, ce Genève-Servette serait difficile à battre. Il ne nous avait pas menti…

 

Mais force est d’admettre qu’on a longtemps douté des belles paroles du coach. Dans le public aussi, on lui reprochait son comportement derrière le banc, son manque d’audace, de panache. Sur la glace, on carburait au Zanax. On se souvient encore de cette rencontre à Bienne, le 16 septembre, quand les Genevois ont réussi l’incroyable exploit de se liquéfier en six minutes alors qu’ils menaient pourtant 3 à 1 après le deuxième tiers. De cette catastrophe à Malley où les Grenat avaient fait le nécessaire pour remporter l’enjeu avant de s’écrouler comme par désenchantement. Nous avions vu alors des horreurs d’une formation en manque de repère, de confiance.

 

Comme le chante Grand Corps Malade, les Genevois avaient souvent évolué avec une enclume sur le dos, les pieds liés et le vent de face. Après avoir mis leurs ambitions en berne et un avenir en garde à vue, il a fallu qu’ils touchent le fond aux Vernets contre Ambri alors que les défaites s’enchaînaient, pour voir enfin une réaction.

 

Malgré une bande décimée par de nombreux blessés, ce match du 12 octobre contre les Léventins a agi comme un électrochoc. Cela coïncidait aussi avec l’arrivée de plusieurs juniors, une prise de conscience. Depuis, il n’y a plus de sorties de zone hasardeuses, ils jouent plus simplement. Quatre parties, dix points: les joueurs sont ressortis du vestiaire avec de la hargne et du courage plein les poches. Dos au mur, il n’y avait plus de place pour reculer.

 

C’est Goran Bezina, l’ancien, celui dont on disait qu’il n’était plus bon à rien, qui a encore montré la voie à suivre ce mardi. Le Valaisan a répondu présent quand il a fallu débloquer une situation qui était très crispée entre deux équipes qui flirtent avec la barre. Mais avant de s’envoler, les Aigles ont dû effacer une grosse bêtise de Tim Traber (24e), auteur d’un «piqué avec la lame» de sa crosse, qui lui a valu cinq minutes de pénalité. Les Seelandais ont alors bénéficié de longues périodes en supériorité numérique dont près de 180 secondes à cinq contre trois. Mais Vukovic, Fransson et l’excellent Tanner Richard ont été héroïques, tuant toutes les velléités biennoises.

 

Quelle grosse débauche d’énergie, quelle solidarité, quelle équipe, quel caractère! Fusillé dans toutes les positions, Robert Mayer a fait le reste avant que Jeremy Wick, dans une forme du tonnerre, ne jaillisse comme l’éclair pour inscrire son 4e but en une semaine. Et que Makai Holdener se rappelle au bon souvenir de son ancien club, qui ne lui a jamais fait confiance, en inscrivant son premier but avec les Grenat, entre les jambes de Jonas Hiller. «Depuis notre revers contre Ambri, toute l’équipe s’est remise ensemble pour se battre pour chaque point et c’est vraiment excitant et motivant de jouer ainsi», s’est réjoui le Servettien. Avec un tel état d’esprit, Genève-Servette n’a pas seulement remporté un succès précieux et convainquant, il a surtout reconquis son public. Avec les retours de Gerbe (vendredi?), Spaling, Romy, Rod, Schweri et Mercier, sans oublier Da Costa dont on assure qu’il est exceptionnel, ce Ge/Servette sera difficile à battre. C’est Craig Woodcroft qui l’avait prédit…