27 novembre 2017

Fribourg se réjouit désormais de jouer contre des Aigles qui ne font plus peur à personne. Les Genevois s’en vont à Zurich ce lundi

 

Quand il était encore entraîneur, coach, manager, propriétaire et l’homme fort du club, qu’il vivait son match intensément derrière le banc, Chris McSorley se plaisait à répéter, avec fierté, que les matches de Ge/Servette ressemblaient à des consultations chez le dentiste. Qu’on savait qu’il fallait y aller, mais qu’on n’allait pas vraiment s’amuser. Aujourd’hui, les adversaires des Aigles se rendent aux Vernets avec le sourire, les dents rayant la patinoire, tous persuadés qu’ils vont passer un bon moment. Même pas peur! Les Fribourgeois, qui ont souvent nourri un gros complexe face aux Genevois, se réjouissent désormais d’affronter les Aigles. Quel contraste!

 

Même pas mal!

 

Cette saison, le Dragon, qui compte seize points d’avance sur les Grenat au classement, a remporté ses quatre confrontations, la dernière ce samedi, sans se faire mal! Et à chaque fois avec un énorme Barry Brust devant le filet et ce même sentiment que le résultat aurait pu être inversé avec plus de réussite ou de lucidité devant la cage. Mais voilà, au final c’est 1-4 pour le visiteur! Quelle leçon…

 

«Je ne pense pas que Gottéron était meilleur, je dirais juste que les Fribourgeois, dans une spirale plus positive que nous, étaient plus réalistes», estime Romain Loeffel. Il est vrai qu’avec des «si», Ge/Servette ne serait pas sous la barre, peut-être même qu’il serait à la place des hommes de Mark French, même s’il faut reconnaître que les Aigles évoluent avec si peu d’intensité qu’ils donnent l’impression d’être perdus comme un basset hound sans collier. Tout le contraire du visiteur…

 

«On possède un bon groupe où tout le monde se trouve sur la même longueur d’onde à travailler dans les deux sens de la patinoire, se plaît à raconter Chris Rivera, l’ancien Genevois passé il y a deux ans chez l’ennemi. Maintenant, que ce soit Genève ou une autre équipe, cette saison on ne craint personne. On est aussi devenus plus physiques, cela fait une grande différence.» Que du bonheur pour l’ex-chien fou de McSorley, qui raffolait ce jeu intimidant quand il était encore aux Vernets, un état d’esprit qui a disparu. «Ce n’est pas à moi de juger s’ils ont changé ou pas, mais les Grenat ont eu l’habitude d’un coach pendant des années et le nouveau a amené un autre système. Cela prend du temps, c’est normal, poursuit Rivera. Mais il y a de bons joueurs, cela peut tourner à tout moment», assure l’ex-Servettien. Possible, en effet…

 

«S’il est vrai qu’on a changé notre style, on devrait rester malgré tout une équipe physique, admet Loeffel. Alors qu’on devrait se battre comme s’il s’agissait du 7e match des play-off, on ne peut pas se permettre, d’avoir, comme ce samedi, des soirs «sans» et encaisser un but après cinq minutes. On l’a vu vendredi à Malley, on joue mieux, on prend de plus en plus de plaisir sur la glace, mais il n’y a personne pour prendre vraiment ses responsabilités et qui a la niaque de mettre le puck au fond.» Et quand Loeffel tire de la ligne bleue, que les filets tremblent enfin, comme à la 40e, le but est annulé après que Romy eut posé son patin devant la maison de Brust. La poisse devient tenace.

 

À vrai dire, Ge/Servette s’est fait littéralement «manger» dans tous les domaines, que ce soit dans l’organisation, dans l’envie ou dans les duels. «On ne peut pas emballer un match sans mettre de l’émotion», reconnaît Arnaud Jacquemet, qui bout de plus en plus à l’intérieur de son gros moteur.

 

Avec un premier but étrange tombé après septante-huit secondes (où il a fallu attendre 4’ 39” avant un arrêt de jeu et que les arbitres ne valident la réussite!) puis le 0-2 à la 9e minute, quand Romain Loeffel se faisait abuser par Laurent Meunier, cela avait très mal commencé. Même si Nick Spaling (14e) avait répliqué en power play, la partie s’est tout aussi mal terminée.

 

«Il y a un moment que je n’étais plus revenu, je trouve que c’est mou du genou!» Dans les gradins, on commence aussi à trouver le temps long. À se demander si le nouveau coach, tellement impassible devant son banc, a déjà tué une mouche. S’il sait qu’on a le droit de sortir son gardien pour tenter quelque chose…

 

De gros nuages

 

De là-haut, au ciel, Michel Dumtschin, l’ancien speaker des Grenat disparu cette semaine, a pleuré. Dans les tribunes aussi. «J’ai perdu mon Doudou, je suis triste». C’était écrit sur une banderole après un vibrant hommage rendu à ce grand personnage. Les supporters, eux, ont perdu leur équipe!

 

Même s’il n’y a pas encore le feu au lac de Genève, après 23 matches, les fidèles sont de plus en plus inquiets, d’autant que de gros nuages s’amoncellent dans les hautes sphères, qui pourraient perturber encore plus les acteurs. Quoi qu’il en soit, Ge/Servette n’a pas le temps de se poser mille questions. L’Aigle reprend déjà son envol ce lundi (à 19 h 45) du côté du Hallenstadion avant de déployer ses ailes jusqu’à Ambri mardi. Et d’enchaîner jeudi aux Vernets face à Lugano. Trois matches en quatre jours! «A nous de bien récupérer, bien manger et bien dormir et de jouer les trois parties à fond, on n’a pas le choix! renchérit Romain Loeffel, qui veut y croire. Si on parvient à soigner la finition, il est aussi possible de gagner sur la route.» Comme vendredi à Lausanne. Comme avant, lorsque les matches de Ge/Servette ressemblaient à des consultations chez le dentiste…