13 octobre 2018

Genève-Servette s’est incliné 5-1 à Bienne avec Robert Mayer dans les buts

 

Gauthier Descloux, depuis le banc des Aigles, a dû regretter de ne pas avoir obtenu le départ devant les filets genevois en regardant le gardien du HC Bienne, Jonas Hiller, faire le show, tout d’abord devant le nouveau venu Jack Skille (28e) puis, plus tard, sur un envoi à bout portant de Jeremy Wick (36e). Un duel entre le gardien le plus «chaud» de la Ligue (Descloux, 96,2% d’arrêts) et le plus dominant du championnat (Jonas Hiller) aurait certainement tenu toutes ses promesses.

 

Chris McSorley et l’entraîneur des gardiens Sébastien Beaulieu en ont toutefois décidé autrement. Ils ont préféré jouer la carte de l’alternance en titularisant Robert Mayer, pourtant rarement en réussite dans le Seeland. C’est lui, déjà, qui était devant les filets le 21 septembre dernier dans cette même patinoire en ouverture du championnat (défaite 3-0).

 

Robert Mayer abandonné

 

Reste que l’identité du gardien n’a strictement rien à voir dans la cinquième défaite à l’extérieur des Aigles cette saison en autant de sorties. Mayer a livré une solide prestation: il n’a rien à se reprocher sur les deux premiers buts seelandais. Il n’a pas été aidé par sa défense sur la troisième réussite, celle qui a précipité la chute des Aigles, après avoir accordé un rebond exploité bien trop facilement dans l’enclave par le Québécois Marc-Antoine Pouliot (47e). Il a ensuite été complètement abandonné par son arrière-garde sur la quatrième réussite du HC Bienne.

 

«Nous n’avons pas respecté notre plan de match et nous n’avons pas joué avec la tête», a regretté le défenseur genevois Jonathan Mercier. Puis d’ajouter: «Nous avons perdu tous nos duels dans les bandes et nous avons offert trop de liberté à leurs attaquants. Lorsque nous jouons à l’extérieur, nous n’arrivons pas à reproduire ce que nous réussissons si bien à faire aux Vernets, et il faut que cela change rapidement.» La bonne nouvelle? Les Aigles retrouvent leur patinoire ce samedi soir pour la venue de Fribourg-Gottéron.

 

Deux renforts discrets

 

Tandis que la défense a affiché ses limites face au leader du championnat, son offensive – au complet pour la première fois depuis le 21 septembre avec la présence des deux nouveaux renforts étrangers, l’Américain Jack Skille et le Canadien Daniel Winnik – a quant à elle séché devant Jonas Hiller. Les attaquants genevois se sont créé des occasions, mais ils n’ont jamais réussi à s’installer et à s’imposer en zone offensive. La seule réussite du GSHC? Un but contre son camp du Biennois Mauro Dufner attribué à Johan Fransson alors que la messe était dite depuis bien longtemps (58e, 5-1).

 

Un projet genevois pourla nouvelle patinoire (Daniel Visentini)

 

C’est un projet qui devait avancer vite, mais qui, pour beaucoup de raisons, semble s’être enlisé. On parle de la nouvelle patinoire au Trèfle-Blanc, ce complexe qui devait être porté par les mêmes Canadiens qui ont quitté la direction de Genève-Servette en catimini, laissant un club exsangue en janvier (avec un trou dans les comptes avoisinant les neuf millions! – plus que ce qui était prévu initialement). Un club sauvé du pire par la Fondation 1890, elle-même soutenue par la Fondation Hans-Wilsdorf (Rolex). Mais, enfin, fort d’un audit de l’État qui avait assuré de la surface financière et du savoir-faire de leurs investisseurs, MM. Gall et Gillis sont toujours là, à vouloir développer la seule chose pour laquelle ils sont venus à Genève à l’appel de Hugh Quennec: bien plus que la construction d’une nouvelle patinoire nécessaire pour un canton et surtout pour Genève-Servette, développer le projet immobilier qui va avec.

 

Leur porte-parole, Christophe Lamps, assure leur bonne foi et leur volonté. «Nous sommes prêts, lance-t-il. Nous demeurons positifs et attendons les dernières validations formelles de l’État, confirmant le projet et le business plan présenté à la fin de 2017. Cela permettra de mettre en place le remboursement des frais encourus par le club, ainsi que des compensations financières, pour un total de plus de six millions. Les investisseurs se sont engagés par un projet de contrat sur ces montants.» Cela suffira-t-il pour effacer le passé? Parce qu’il y a un passé, pour ne pas dire un passif. Ces sommes qui ont longtemps grevé le budget des Aigles, les dirigeants canadiens de l’époque n’ayant jamais rien payé ou presque. D’ailleurs, selon nos informations, la direction actuelle des Aigles a envoyé une sommation pour un règlement de 1,5 million dû au club. La lettre a été adressée à TBRE SA (Trifolium Capital SA), cette société créée pour porter le projet de la nouvelle patinoire, dont l’ayant droit serait Hugh Quennec. MM. Gall et Gillis devaient y prendre part, sauf qu’ils ne seraient pas présents en son sein: TBRE semble être une coquille vide.

 

Aujourd’hui, une réalité: aucun document signé, aucune lettre d’intention, aucune propriété intellectuelle ne lie le club ou le canton aux investisseurs canadiens. Ces derniers promettent des remboursements contre l’assurance d’être choisis. Ils évoquent toujours un complexe pharaonique qui pourrait dépasser les 400 millions de francs, qu’ils assurent garantir par un investissement 100% privé.

 

Mais d’autres personnes se mettent sur les rangs désormais. Nous avons appris qu’un projet genevois, piloté par un investisseur connu de la place immobilière, s’est sérieusement développé. On parle là d’un complexe qui coûterait près de deux fois moins (250 millions de francs). Il est prévu au même endroit, au Trèfle-Blanc. Qu’en pense Genève-Servette?

 

«Nous étudierons les conditions-cadres qui seront les plus intéressantes pour l’intérêt du club, explique logiquement Christophe Stucki, le directeur général. Autrement dit, nous soutiendrons ceux qui apporteront les meilleures garanties pour nous, dans un climat de confiance, en accord avec les autorités politiques qui traiteront du dossier.»

 

Les Canadiens ont-ils encore la confiance du club? On peut en douter. En attendant, le projet genevois, dont les dirigeants des Aigles sont au courant, avance à grands pas.