8 septembre 2017

Genève-Servette, dans un grand soir, s’est montré très séduisant contre un Lausanne qui s’est cassé les dents sur son système

 

Fallait-il s’inquiéter? La réponse est tombée ce jeudi soir. Le public, qui n’était pas forcément convaincu après les matches de préparation, est reparti cette fois-ci rassuré, comblé. Même s’il est toujours délicat de tirer des conclusions un brin hâtives après un premier match, ce Ge/Servette-là, qui évoluait sans Mayer, Douay, Rod, Impose, Vukovic et on en passe, a vraiment fière allure.

 

Si, avant le coup d’envoi, Sherkan a raté son envol, en atterrissant dans le camp des… Lausannois, ce n’était finalement pas un mauvais présage. Même un oiseau de mauvais augure n’aurait pas pu arrêter ces Genevois, dans un tel grand soir. Les Aigles n’ont pas piqué du bec. Au contraire. Ils ont su rapidement prendre de la hauteur dans un rythme endiablé pour voler dans les plumes de lionceaux lausannois, timorés, rapidement asphyxiés, atomisés.

 

Bagarre dans les gradins

 

Comme le suggérait une banderole déployée dans les gradins par les supporters servettiens, «malgré le Jeûne», les Grenat avaient en effet «bouffé du Lion». C’était un régal, un véritable festin, à l’image de quelques actions orchestrées par des artistes qui transpirent la joie sur la glace. Le système mis en place par Craig Woodcroft, moins rigide que celui de son prédécesseur, est séduisant. La rondelle est en joie!

 

Seule ombre au tableau: la bagarre de tranchée dans les tribunes entre les certains fans des deux camps sur le coup de gong qui a entaché cette belle soirée…

 

Pour sa première à la bande, en championnat, Craig Woodcroft pouvait avoir le sourire au terme d’une partie que ses hommes ont outrageusement dominée, surtout lorsqu’ils étaient au complet.

 

«Je suis fier de mon équipe qui a su respecter les consignes, s’est réjoui le nouveau coach. J’ai beaucoup aimé l’esprit de compétition des joueurs qui se sont tenus à ce que nous avions préparé. C’est ce que j’espérais. Pour moi c’est un plaisir de commencer ainsi avec une victoire, mais on a encore une bonne marge de progression.»

 

Après un premier tiers grenat, il n’y avait effectivement qu’un petit but qui avait transpercé la cuirasse de l’inoxydable Cristobal Huet. En bon capitaine, c’est Kevin Romy qui avait été le seul à trouver l’ouverture sur l’un des vingt tirs effectués par les Servettiens. Sinon, que d’occasions manquées, comme celle en or de Damien Riat (16e), seul devant le quadra des Lausannois. Le Genevois qui aurait dû normalement se retrouver dans l’avion en direction de la Floride… pour un camp d’entraînement a échoué devant un autre ouragan. Huet, pas Irma!

 

Heureusement finalement que les Grenat ne s’en sont pas mordu les doigts. Daniel Rubin (23e) puis Nathan Gerbe en power-play ont su finalement faire trembler ses filets. A l’exception de la 29e, quand Junland a réduit le score, il n’y eut pas d’autre flottement. Lausanne a été contraint de tirer sa révérence, se pliant au diktat, exigence imposée par un adversaire plus fort que lui.

 

Bays impeccable

 

«Pour avoir bien étudié les Lausannois à la vidéo, on a su les enfermer alors qu’eux n’ont pas su contrer notre nouveau système, à nous d’en profiter», souriait un Christophe Bays impeccable dans sa cage, lui qui avait été finalement préféré à Gauthier Descloux.

 

«Après cette démonstration à la maison, j’espère que Ge/Servette sera également une équipe difficile à jouer à l’extérieur!» L’appétit venant en mangeant, Craig Woodcroft ne serait pas contre un nouveau festin ce vendredi soir à Fribourg. Tout chemin qui mène vers un objectif, un titre, commence toujours par un premier pas, dit-on…

 

Chris McSorley:   «Je suis fier et confiant»

Daniel Visentini

 

Il paraît que l’on ne s’embarrasse pas de sentiments quand on est professionnel. Que l’enjeu définit froidement les périmètres, contient toutes les émotions. Et pourtant… Pourtant, quand Chris McSorley est arrivé aux Vernets, ce jeudi-ci, il a vécu des moments bizarres. Depuis seize ans, c’est lui qui incarne le hockey à Genève et son rituel était bien rôdé. Le parfum de la reprise, les dernières consignes, le petit tour dans son bureau: une routine qui a volé en éclats. Chris McSorley est passé de la bande aux tribunes, il a troqué le costume d’entraîneur pour celui de manager général. Alors pour ce premier match de la saison, forcément, tout était étrange.

 

«En fait, cela fait vingt-huit ans au total que j’ai toujours entraîné une équipe, sourit-il. Cela fait un bail… Mais me retrouver là maintenant n’est pas difficile à vivre. Toutes ces questions, sur comment je vivrais le moment, je me les suis déjà posées. Pas de souci. Je suis fier de ce que j’ai accompli ici en tant qu’entraîneur, avec ceux qui m’entouraient. Nous avons accompli tant de choses. Mais je sais aussi que l’équipe est entre de bonnes mains. Et si je suis dans ce nouveau rôle, c’est pour contribuer au futur du club, pour que nous progressions encore.»

 

Les dirigeants, à commencer par le nouvel homme fort, Mike Gillis, auraient tort de ne pas utiliser pleinement les talents du Canadien. McSorley, c’est un faramineux carnet d’adresses, c’est une force de persuasion pour convaincre les joueurs de rejoindre Genève, c’est une capacité à réussir des coups malgré un budget très en dessous de celui des ténors du championnat comme Zoug ou Zurich, sans même parler de Berne. On veut croire que Gillis saura comprendre l’importance de McSorley pour les Aigles, le club a tout à y gagner.

 

En attendant, l’Ontarien a suivi la rencontre au côté de Sébastien Beaulieu, l’entraîneur des gardiens. Calmement, applaudissant les buts grenat, savourant cette première victoire de la saison.

 

«Oui, le plaisir est identique, même si le regard n’est plus tout à fait le même que dans le feu de l’action», a-t-il tout simplement lâché. Professionnel comme toujours, mais presque ému. Il a quitté les Vernets heureux. «Et prêt pour devenir le meilleur manager général de toute la ligue», assure-t-il déjà. Chiche!