8 mars 2018

Capitaine des Aigles, Kevin Romy est convaincu que Ge/Servette va se souder et se sacrifier en équipe pour éliminer Berne

 

À peine entend-on au loin la machine à aiguiser les patins ou le bruit du scotch que l’on entoure au bout de la crosse. Ce mercredi matin, c’est jour de congé aux Vernets. Le calme avant la tempête! L’occasion pour le chef matériel d’affûter, sans brouhaha, les derniers détails avant que ne commencent «les choses sérieuses». Cette expression que l’on sort à chaque fois début mars peut prêter à sourire. Comme si avant, c’était de la rigolade!

 

Combien de fois Aurélien Omer, dit Jimmy, l’a-t-il entendue, cette phrase un peu «déplacée»? Il n’en est pas à ses premiers play-off. Le Français est bien rodé, il connaît surtout sur le bout des doigts son rôle, mettant encore une fois tout son cœur et son âme sur ces lames qu’il fait tant briller. De leur côtés, les hockeyeurs genevois ont profité de lever le pied en prévision de cette grosse bataille qui les attend. Seuls Jonathan Mercier et Daniel Rubin, les blessés, étaient présents à la patinoire, en salle de force.

 

«Il est important de se ressourcer physiquement et mentalement, a expliqué au bout de son portable le capitaine Kevin Romy, qui a hâte, lui aussi, d’entrer en scène pour cette série explosive. C’est une nouvelle saison qui commence où tout reste ouvert, surtout au meilleur des sept matchs.» Le Neuchâtelois est confiant, à trois jours d’entrer dans cette fosse aux ours devant 16 000 spectateurs. «Je me sens très bien physiquement, en pleine forme», assure-t-il.

 

En vous imposant lundi à Berne avec une formation de fortune, vous avez envoyé un signal fort au champion, en lui démontrant que vous êtes prêts au combat.

 

C’était important au niveau de l’approche. Depuis la fin des Jeux olympiques, nous avons livré nos trois dernières rencontres en mode play-off, à commencer par cette partie décisive à Langnau. On a surtout prouvé que nous étions prêts autant physiquement que moralement. On s’attend à des parties acharnées, très disputées. À nous de continuer sur cette lancée, de rester bien concentrés avec une bonne mentalité. Le groupe est soudé, prêt à jouer ensemble, à se sacrifier, c’est ce qui fait notre force.

 

Lors de la saison régulière, en six confrontations face à Berne, vous vous êtes imposés trois fois: de quoi vous montrer plutôt optimistes, non?

 

C’est sûr, même si, comme je l’ai dit, c’est une nouvelle saison. S’il y avait 31 points de différence entre Berne et nous à l’issue de la saison régulière, on repart avec les compteurs à zéro. Maintenant, on connaît aussi notre adversaire en play-off, cela promet une belle série que l’on va aborder avec beaucoup de profondeur, quatre lignes performantes, sans trop de blessés. La pause olympique nous a fait du bien. C’est important de compter sur tout le monde, chacun aura un rôle bien précis dans l’équipe.

 

Après une saison plutôt mouvementée dans les coulisses, on imagine que vous êtes aujourd’hui libérés?

 

On a vécu en effet une saison pour le moins tourmentée, surtout ces derniers mois. Tout le monde est satisfait de ce nouveau chapitre. La reprise du club par la Fondation 1890 a amené de la stabilité. C’est un gros soulagement. Chacun peut parfaitement effectuer son travail sur la glace.

 

En tant que capitaine et joueur d’expérience, quel va être votre discours?

 

Il n’est pas nécessaire de révolutionner le hockey sous prétexte que la guerre des play-off commence. Tout le monde est conscient qu’il s’agit d’un nouveau départ. Il y a un bon mixte entre les jeunes et les joueurs un peu plus expérimentés, chacun connaît son rôle et ce qu’il doit amener en plus pour être plus efficace. Il n’y aura pas de discours particulier. Pour moi, chaque match est important, pas uniquement les play-off. L’attitude doit être la même.

 

Mais attention aux pénalités…

 

C’est le mot d’ordre! Si on veut du succès il va falloir rester discipliné tout en gardant, de manière intelligente, notre jeu physique pour mettre Berne sous pression. On aura une première réponse ce samedi. On se dit que c’est peut-être une bonne chose de commencer à l’extérieur. Notre excellent état d’esprit peut faire la différence.

 

Thomas Déruns se souvient de son but de génie qui avait bluffé les Bernois

 

C’était un trait de génie digne de Sydney Crosby qu’on n’oublie jamais. C’était en 2010, aux Vernets, lors de la finale des play-off entre Ge/Servette et… Berne. Ce chef-d’œuvre, le 3-2, avait été signé par Thomas Déruns. Un goal surréaliste venu d’ailleurs, qu’il racontera un jour à sa fille. Le but était de plier sa canne de manière à poser le puck sur la palette de sa crosse et, alors qu’il se trouvait derrière la cage de Buhrer, il l’a contournée pour glisser la rondelle par-dessus l’épaule du gardien. Du grand art. «Mais on avait malheureusement perdu ce match 4 à 3 en prolongation», se rappelle l’ex-joueur des Grenat, qui cette année-là était passé si proche du titre avec les Aigles. «Je m’en souviens comme si c’était hier, sourit-il. C’était une saison où, en pleine confiance, tout me réussissait. Cela faisait un moment que je répétais à «Jimmy», notre chef matériel, que j’allais tenter ce geste en match. Et là, j’ai vu que le défenseur était mal placé, qu’il ne tenait pas le poteau, je n’ai pas réfléchi. C’est venu comme ça. Ce n’est qu’ensuite, en vacances, quand j’ai revu l’image, que j’ai réalisé que j’avais marqué un but incroyable. À l’époque, j’étais le premier à le réussir en LNA. J’avais été inspiré par Yanick Dubé, qui en avait marqué beaucoup en une saison, des comme ça, avec La Chaux-de-Fonds, mais en LNB. Cela m’a donné des idées.» Damien Brunner et Dominic Lammer l’ont imité depuis. Comme Vincent Praplan dernièrement. À qui le tour durant cette série? «On ne peut pas le préméditer, sourit Thomas Déruns. C’est une question d’instinct. Il faut aussi que la glace soit encore bonne et la toile toute belle, sans neige. Sinon, c’est plus compliqué de prendre le puck sur la palette pour effectuer le bon mouvement. En fait, je ne pense pas que ce soit la priorité des joueurs de marquer comme ça!» En effet…