10 mars 2018

Craig Woodcroft, coach de Ge/Servette, s’attend à une longue série très physique face au champion. Ses Aigles sont prêts

 

Mal rasé, les yeux tirés, les cheveux en bataille, prêt au combat: c’est à croire qu’il a déjà adopté le look «play-off», Craig Woodcroft. «Mais rassurez-vous, il n’y a rien de prévu, je ne vais pas me teindre en blond ou mettre une perruque grenat!» Ce n’est pas le genre de l’entraîneur de Genève-Servette qui a hâte, comme ses Aigles, que cela commence enfin. C’est un coach détendu et plutôt très confiant qu’on a rencontré au terme de l’entraînement.

 

 

Dites-nous, Craig, durant cette période spéciale, à la maison, avec votre famille, êtes-vous à fleur de peau ou restez-vous aussi calme que derrière votre banc?

 

Je ne suis pas du tout nerveux, mais plutôt impatient et excité à l’idée que ces play-off sont enfin là, devant notre porte. Tous mes sens sont tournés de ce côté. Je ne pense plus qu’au hockey, à l’équipe, à cette série, au premier engagement, au premier tiers. Tout faire pour gagner, pour que l’aigle dévore l’ours bernois. Je suis prêt au combat!

 

Vous qui avez déjà vécu ces matchs à la vie et à la mort en KHL, en Biélorussie, vous les appréciez?

 

Pour moi, il s’agit de la meilleure période de l’année parce que ces rencontres sont toujours très explosives et excitantes. C’est le résultat de tout le travail réalisé dans la saison. On se réveille tous les matins avec l’envie d’être le meilleur. On va tous se battre pour rester en vie. C’est un sentiment génial, partagé par les joueurs, les coaches et moi-même. Tout le monde ici est prêt, avec un grand sentiment de confiance. À nous d’aller dans la bonne direction et le plus loin possible.

 

Ge/Servette a dû se battre jusqu’au bout pour se qualifier in extremis pour les play-off, avec notamment un succès précieux à Langnau: est-ce un avantage pour vous d’arriver maintenant au sommet de votre forme?

 

Comme l’on dit, c’est, pour tout le monde, une nouvelle saison qui commence. À nous de nous créer des opportunités pour qu’elle dure le plus longtemps possible.

 

Kevin Romy parlait cette semaine d’un excellent état d’esprit dans le groupe, qui peut faire la différence. Pensez-vous aussi que ce soit la force de Ge/Servette?

 

Oui, Kevin a tout à fait raison. L’esprit d’équipe est particulièrement élevé, il y a dans le groupe une grosse solidarité et une énorme confiance en notre capacité. Cela nous donne des envies d’aller de l’avant et de réussir quelque chose de grand.

 

Le fait d’avoir remporté, avec une équipe B, le dernier match de la saison à Berne, de gagner une troisième fois contre le champion, montre que Berne éprouve de la difficulté contre vous, non?

 

Quand on regarde l’ensemble de nos matchs contre Berne cette saison, c’était en effet à chaque fois des parties serrées. Il n’y a jamais eu plus d’un but d’écart et cela s’est aussi souvent joué en prolongation ou aux tirs au but. On s’attend donc encore à une série extrêmement disputée!

 

Berne n’aime pas le jeu physique des Servettiens, mais cela signifie aussi que vous allez devoir être, malgré tout, disciplinés. Éviter les pénalités contre une formation très efficace en power play, n’est-ce pas la clé de cette série?

 

Oui, évidemment que nous devrons établir notre force physique sur la glace pour les bousculer mais, s’il est important d’imposer notre présence, on doit le faire sous le sceau de la discipline. Vous avez raison: éviter au maximum les pénalités, cela va être la clé numéro un de cette série, sinon nous n’aurons aucune chance de performer. On en a beaucoup parlé avec les gars cette semaine en travaillant certaines situations sur la glace.

 

Berne avait passablement de joueurs aux Jeux olympiques de PyeongChang. Pensez-vous que sur la longueur cela puisse, au niveau de la fatigue, jouer en votre faveur?

 

Même si cela peut devenir une composante sur la longueur, on ne doit pas compter sur la fatigue des Bernois, ce serait une erreur. Il ne faut pas oublier qu’en face, ce sont des professionnels très expérimentés. Même s’ils étaient nombreux en Corée, ils savent comment récupérer et entretenir leur condition physique. S’ils sont doubles champions en titre ce n’est pas par hasard, il y a forcément une bonne raison.

 

Comment imaginez-vous ce premier match, ce samedi, dans la fosse aux Ours? C’est l’occasion de marquer d’emblée votre territoire?

 

Il est évident qu’en play-off, le premier match d’une série est toujours important. On doit s’y rendre en installant d’entrée notre jeu pour montrer qui on est. Nous n’allons pas à Berne pour faire de la figuration. Non, on ne va pas se laisser bousculer. Il n’y a pas de recette miracle ou magique. Les play-off, c’est une période où on se bat pour sa vie où chaque match est décisif. Et, en plus, on hérite d’un candidat sérieux au titre. C’est formidable! Inutile d’impressionner qui que ce soit, prenons tiers par tiers. Notre but est de jouer notre jeu durant soixante minutes ou plus et ce n’est que de cette manière que nous nous procurerons nos meilleures chances.

 

Les décisions arbitrales risquent d’être déterminantes, surtout à Berne, devant plus de 16 000 spectateurs: craignez-vous des injustices?

 

J’espère que les arbitres seront justes et consistants des deux côtés de la glace. À nous d’être discipliné, je l’ai dit, pour que des questions d’arbitrage ne se posent pas et qu’on puisse se concentrer sur l’adversaire. On ne va pas commencer à tergiverser là-dessus…

 

Power-play

 

L’affiche Ge/Servette (8e de la saison régulière) se déplace à Berne, dans la fosse du double champion en titre, pour son premier match des quarts de finale des play-off. Le coup d’envoi a été fixé, pour toute la série (au meilleur des sept matches), à 20 h 15.

 

Les confrontations Les deux formations se sont affrontées à six reprises avec à chaque fois des parties très serrées. Dans l’ordre: Ge/Servette - Berne 2-1, Berne - Ge/Servette 3-2 (après prolongation), Berne - Ge/Servette 3-4 (ap. prol.), Ge/Servette - Berne 2-3 (ap. prol.) et Berne - Ge/Servette 3-4 (tirs au but).

 

L’effectif Seuls Jonathan Mercier, Kay Schweri, Cody Almond et Gauthier Descloux sont blessés. Au niveau des étrangers, le Finlandais Michael Keränen pourrait être sur la glace de la PostFinance Arena ce samedi. «Il a fait une bonne impression que ce soit aux coaches et à ses coéquipiers lundi, c’est une option», remarque lWoodcroft qui n’en dira pas plus. Il pourrait être préféré à Nick Spaling. La décision sera prise au dernier moment.

 

Quelles licences B? Des éléments de Swiss League (Forget, Weisskopf, de La Chaux-de-Fonds?) peuvent venir à tout moment aux Vernets si les Genevois en ont l’utilité. «On va regarder jour après jour, en fonction de l’évolution, mais l’équipe n’a jamais été aussi en forme, avec si peu de blessés, j’ai donc le choix dans mon contingent», précise Woodcroft.

 

Les pronostics du coach Selon Craig Woodcroft, Fribourg Gottéron va éliminer Lugano, Bienne sortir Davos et Zoug envoyer Zurich en vacances. «Et nous, cela va être très très serré!»