20 octobre 2017

Directeur général de Ge/Servette, le Genevois répond aux questions qui fâchent. Les Aigles, toujours décimés, jouent à Berne ce soir

 

Comme de nombreux fans qui avaient quitté les Vernets en colère jeudi dernier, il a ressenti, lui aussi, de la frustration. Cette défaite 0-3 à la maison contre Ambri l’avait également contrarié. Mais s’il a compris la réaction de ces gens courroucés à la sortie de la patinoire, Pierre-Alain Regali savait que cette équipe avait les moyens de retrouver son âme et de réagir. Que son Ge/Servette, qui flirtait avec la dernière place, valait mieux que ce classement indigne de son rang.

 

Le directeur général des Aigles a bien voulu répondre aux questions que les supporters se posent, trois heures avant que ses protégés, même décimés, ne s’offrent, avec la manière, le scalp de Davos…

 

Craig Woodcroft est-il l’homme de la situation?

 

Dans les gradins, on lui reproche notamment son manque d’émotion devant son banc. «Les gens doivent comprendre que son style de coaching est différent, qu’il est moins expressif que Chris McSorley, reconnaît Pierre-Alain Regali. On est passé d’un jeu très physique où il fallait aller chercher le puck au fond à un système où les joueurs doivent plus réfléchir en sortie de zone. Ce n’est pas uniquement un changement de système mais de culture. Si ce n’est pas lui qui parle pendant les temps morts, il préfère que ce soit ses assistants qui s’expriment par rapport aux situations spéciales qu’il aura discutées et travaillées de toute manière avec eux au préalable. Au niveau de la préparation, il a d’ailleurs beaucoup d’autres idées.»

 

Pourquoi si longtemps?

 

Mais pourquoi avoir signé un contrat de longue durée avec un coach qui ne possède ni le CV ni l’expérience de son prédécesseur? «Parce qu’au conseil d’administration, on a jugé qu’il avait beaucoup de potentiel, répond le directeur. Il n’a pas été nommé assistant coach de l’équipe du Canada par hasard, on n’est pas les seuls à penser que c’est un bon coach. Les joueurs ont écopé de trop de pénalités avec des coups de canne ou des surnombres évitables et on doit encore mettre au point nos situations spéciales, qui n’ont pas fonctionné.»

 

Pourquoi autant de blessés?

 

Les joueurs ont-ils trop tiré sur la corde au mois d’août? «Je ne pense pas qu’il y a eu des erreurs dans la préparation, renchérit le dirigeant. Mais quand tu manques de confiance, tu deviens plus fébrile, t’es en retard dans le jeu et tu te blesses plus facilement. Le fait de prendre trop de pénalités, ça fatigue aussi. La frustration peut déboucher également sur un problème musculaire. C’est fragile, un sportif d’élite.»

 

Mike Gillis a parlé de 15 matches avant de tirer un premier bilan. Alors?

 

«Il n’y aura aucun couperet, assure Pierre-Alain Regali. C’était une manière de s’exprimer. Il est vrai que cela se retourne un peu contre nous aujourd’hui, mais que ce soit les coaches et les joueurs, ils cherchent tous à résoudre le problème…»

 

Chris McSorley a-t-il toujours voix au chapitre?

 

Est-il encore concerté pour construire l’équipe de la saison prochaine, avec une dizaine de Servettiens qui sont en fin de contrat? Pierre-Alain Regali assure que Chris McSorley parle tous les jours avec Lorne Henning, qu’il est toujours impliqué par les décisions sportives. «D’ailleurs, c’est grâce à lui et Louis Matte si Stéphane Da Costa est venu chez nous, explique-t-il. Ils le suivaient depuis trois ans. Avec Lorne, ils ont estimé que c’était le joueur dont nous avions besoin pour marquer des buts.»

 

Ge/Servette a-t-il tenté de retenir Romain Loeffel?

 

Romain Loeffel qui va s’en aller à Lugano, cela signifie-t-il que Craig Woodcroft désire «ses» joueurs, ceux qu’il aura choisis? «Ce n’est pas du tout un choix du coach ou du club de se séparer de Romain Loeffel, bien au contraire. Il a reçu une offre de Lugano qu’il a acceptée, précise Regali. On a essayé de le retenir.» Le directeur regrette toutefois qu’un joueur qui évolue dans un club puisse s’engager ailleurs déjà en octobre. «Cela ne peut que faire monter les enchères, estime-t-il. Pourquoi ne s’inspire-t-on pas de la NHL, où il y a des périodes pour les transferts?»

 

Des problèmes d’argent?

 

«J’ai aussi entendu que des sponsors avaient menacé de s’en aller ou que les joueurs n’étaient pas payés, sourit le financier. Ce ne sont que les mêmes rumeurs que l’an passé, on n’a aucun souci d’argent.» Et si la patinoire se vide et que vous deviez être relégué? «Mais on ne va pas tomber en LNB! assure Pierre-Alain Regali. Il y a une telle marge de progression qu’avec le retour de nos nombreux blessés, nous allons sortir plus fort de cette tempête. Il y a un tel amour de ce club que cela donne envie de se battre.» Comme mardi contre Davos, où les gens avaient déjà retrouvé le sourire…

 

Power-play

 

L’affiche Ge/Servette se rend ce vendredi à Berne pour y affronter le champion en titre à 19 h 45. Lors de leur première confrontation, le 15 septembre, les Aigles s’étaient imposés 2-1 aux Vernets avec des buts de Wick et de Simek.

 

La Coupe samedi Les Genevois ne rentreront pas à Genève après leur partie dans la capitale. Ils dormiront dans la région bernoise avant de rejoindre Biasca, où ils affronteront le soir même (samedi à 20 h) les Ticino Rockets (LNB), entraînés par Jan Cadieux, dans le cadre des 8es de finale de la Coupe de Suisse.

 

L’infirmerie Elle affiche complet! Jonathan Mercier (adducteurs), Kay Schweri (épaule) et Arnaud Jacquemet (dos) ont rejoint une liste impressionnante de blessés. Touchés musculairement ou à la tête, Christophe Bays, Cody Almond, Nathan Gerbe, Nick Spaling et Kevin Romy se trouvaient sur la glace ce jeudi matin, mais ils ne sont toujours pas opérationnels. Noah Rod (cheville) n’a pas encore remis son équipement, au même titre que Floran Douay et Yoan Massimino, qui vont suivre une thérapie dans le sud de la France pour soigner leur genou.

 

En stand-by Gauthier Descloux reparti à Ambri, Ge/Servette a engagé Remo Giovannini (26 ans) pour une durée d’au moins un mois dans l’attente du rétablissement de Christophe Bays, toujours blessé. Le Davosien, qui a défendu les couleurs de La Chaux-de-Fonds durant trois saisons, se trouvait en France, où il a disputé six rencontres avec les Boxers de Bordeaux. Il avait déjà porté le tricot des Grenat durant les play-off 2015-2016.

 

Les retours Alors que Nicolas Leonelli a été prêté à Olten, Eliot Antonietti a quitté Ajoie pour retrouver ses copains servettiens. Guillaume Maillard attendait pour sa part le feu vert du médecin pour disputer les deux matches de cette fin de semaine avec les Grenat.

 

La question Débarqué mardi après-midi à Genève, Stéphane Da Costa ignore encore quand il pourra être d’attaque. Opéré cet été suite à un souci urinaire, le crack n’a pas pu se préparer normalement. Pour éviter des problèmes musculaires, le Français a donc encore besoin d’une à deux semaines, mais il travaille en salle de musculation afin d’être au top au plus vite. Il était déjà sur la glace ce jeudi. Da Costa pourrait effectuer ses grands débuts helvétiques le 2 novembre contre Lausanne.