3 septembre 2015

Le junior des Vernets, 19 ans et 198 cm, découvre le haut niveau. Il se défend plutôt bien en Ligue des champions

 

«Il est en train de prendre une autre dimension!» Adjoint de Chris McSorley et responsable des défenseurs, Louis Matte a beaucoup d’affection pour Romain Chuard, le «petit» dernier, 19 ans depuis le 26 juillet, qui vient de passer en première, des épaules, larges, remplies d’espoirs. «Je crois que je me défends plutôt bien», estime ce gamin plein d’assurance qui ne découvre pas seulement Oslo et la Ligue des champions, mais surtout le milieu professionnel.

 

Après la blessure de Frédéric Iglesias, ajoutée au retour retardé de Daniel Vukovic, ce jeune Genevois n’a pas hésité à plonger dans le bain bouillant européen, pour s’offrir un temps de glace précieux dans l’optique de sa formation au plus haut niveau.

 

Un atout sur la glace

 

«C’est un gros gabarit, solide derrière, qui nous amène une grosse présence physique, apprécie le Québécois. Il est normal qu’il commette encore des petites erreurs, il est jeune et a tout à prouver. Mais il apprend vite.» Sobre, efficace, Romain ne fait pas dans la dentelle. «Il donne son puck rapidement et joue simple», ajoute l’assistant d’un Chris McSorley tout aussi satisfait de son potentiel. «Loeffel, Mercier et Antonietti ont mis trois ans avant de s’affirmer, ce sont de bons exemples pour Romain», renchérit Louis Matte, convaincu que ce grand gaillard, qui dépasse largement les deux mètres avec ses patins, a de bonnes chances de toucher un jour les étoiles.

 

Avec des mensurations de 58,7 cm pour 5,8 kg lors de sa venue au monde, il a déjà été gâté à la naissance. «J’avais le record de la clinique!» se marre cet apprenti de commerce de dernière année qui depuis tout petit a toujours eu une tête de plus que ses camarades. «Ma taille a toujours été un avantage et j’en profite au maximum, poursuit le colosse, qui en a fait un atout sur la glace. Mais comme j’ai grandi trop vite, je n’étais pas vraiment stable sur mes appuis et c’est pour cela que je suis défenseur. J’ai toujours su mieux patiner en arrière!» Cela ne l’empêche pas d’aller de l’avant.

 

Dans le vestiaire, ce pur produit genevois a été accueilli les bras ouverts. «Dans une telle équipe, on est obligé de bien s’intégrer, c’est impossible de ne pas s’entendre avec quelqu’un», enchaîne le rookie qui est à l’écoute. «Je suis conscient que je vais beaucoup rester sur le banc en première année, mais je vais travailler hyperdur et montrer avec les juniors que je suis vraiment en dessus pour figurer au plus vite parmi les meilleurs défenseurs de Chris McSorley.» L’ambition l’aide à avancer…

 

Défaite mal digérée

 

«Je veux aller le plus haut possible et bien sûr que pour moi, Genevois, ce serait un rêve si je pouvais être un jour capitaine de Genève-Servette, avec mon frère Léo (ndlr: gardien des juniors élites) dans la cage!» Au milieu de Pronger et Chara, des géants de NHL, il y avait aussi Goran Bezina qui figurait au mur de sa chambre quand il n’était encore qu’un petit Aiglon. «Aujourd’hui, il est là à mes côtés pour me corriger, c’est cool que les anciens prennent le temps de m’expliquer ce que je dois faire pour y arriver», remarque, plein de reconnaissance, celui qui se considère comme un «cœur tendre de gros nounours» quand il enlève sa tunique de hockeyeur. Il a bu un verre d’eau pour sa première interview!

 

«En se mêlant dans un niveau de pro, on switche automatiquement du stade de jeune homme à celui d’adulte, que ce soit dans le jeu ou dans la vie», reconnaît encore ce passionné de tennis, tombé amoureux de hockey grâce aux parents de… Chris Rivera, qui ont convaincu la famille Chuard de se rendre un jour aux Vernets.

 

A quoi ça tient une carrière! A un fil, comme une qualification au deuxième tour de la Ligue des champions! «On a tous mal digéré cette défaite de 3 à 0 à l’aller et on se rend à Hamar puis à Prague pour remporter ces deux matches», s’enflamme le défenseur qui clame haut et fort que cette Ligue des champions, il veut la gagner.

 

C’est ce qu’il demanderait à un génie sorti de sa lampe magique qui lui proposerait d’exaucer des vœux. «J’ajouterai une jolie femme, d’être le plus gros défenseur du monde et de garder une belle relation avec ma famille.» Tout un programme pour Romain Chuard pour qui, au pied des buildings d’Oslo, plus c’est haut, plus c’est beau. 

 

Power-play

 

L’affiche Ge/Servette, qui s’entraînera une deuxième fois ce matin dans la patinoire d’un club de 2e division à Oslo, affronte Storhamar Hamar ce soir à 19 h à l’occasion de son 3e match de Ligue des champions.

 

L’effectif Frédéric Iglesias, Alexandre Picard, Chris Rivera et Christophe Bays, blessés ou convalescents, n’ont pas effectué le déplacement en Norvège. Ils seront également absents samedi à Prague pour le dernier match de qualification.

 

Que faire pour se qualifier? Avec deux matches deux points, les Servettiens occupent la troisième place du groupe M derrière Storhamar (3/6) et Sparta Prague (3/4). Un succès ce soir en Norvège permettrait aux Grenat de se contenter d’une victoire après prolongation ou aux tirs au but en République tchèque. Une défaite, en revanche, les obligerait à vaincre dans le temps réglementaire.

 

La phrase «Si on joue comme samedi avec cette fois-ci la chance de notre côté, on va gagner!» Signé Roland Gerber.