5 décembre 2018

Ge/Servette a tenu 48 minutes avant de craquer dans le dernier tiers. Il fallait marquer avant, mais comment?

 

Quand les éléments semblent se liguer contre toi, avec une infirmerie qui ne désemplit pas, souviens-toi que l’avion décolle toujours contre le vent, pas avec. Cela aurait pu être une citation de Chris McSorley, mais c’est Henry Ford qui a écrit ça dans une autre vie.

 

C’est toutefois avec cet état d’esprit positif que les Servettiens avaient abordé ce nouveau rendez-vous dans l’Emmental, même privés de cinq étrangers. Une semaine après leur élimination en Coupe, ici même, les Grenat avaient quitté cet Ilfis avec des gros regrets et la forte conviction que le coup était vraiment jouable; qu’avec plus de discipline, ils pouvaient s’imposer dans ce petit chaudron de Langnau.

 

Ils avaient raison, d’autant plus que Robert Mayer se trouvait dans un grand soir. Jeune marié depuis dimanche, le portier grison aurait bien voulu offrir un blanchissage à Morgan, sa tendre moitié. Il a longtemps retardé l’échéance, avec un match très solide, repoussant de nombreux pucks bouillants devant lui, comme ce tir vicieux d’Huguenin à la 31e ou cet envoi puissant de Glauser (43e) à la ligne bleue. Il y en a eu d’autres alors que devant lui ses coéquipiers brillaient par leur organisation et leur abnégation. Mais il n’y avait personne pour «la mettre au fond», comme on dit dans le jargon.

 

Il faut dire qu’après leur «faute professionnelle» (dixit Tim Bozon) samedi contre Rapperswil, les Genevois se sont bien vendus, comme pour mieux se racheter. À défaut de se mettre au show, c’est à une bagarre de chiens enragés que les spectateurs ont eu longtemps droit, deux tiers durant. Devant leur ange gardien, les Aigles avaient resserré leur garde autour d’un très bon Eric Martinsson, en prenant le minimum de risques. Cela a bien contrarié les joueurs bernois, qui n’étaient pas à l’abri d’un contre d’un visiteur à l’affût. Mais avec DiDomenico, Elo et Pesonen, Langnau possédait dans ses rangs trois joueurs capables de faire la différence à tout moment, que Ge/Servette n’avait pas. C’est d’ailleurs le Finlandais qui a brisé le verrou d’un tir dans la lucarne. On jouait la 48e quand le château de cartes s’est effondré. Ge/Servette ne s’en est alors jamais remis, craquant encore à deux reprises. «On savait que dès que Langnau marquerait on n’aurait plus aucune chance de s’imposer, lâchait, dépité, Chris McSorley au terme de la rencontre. Mais je ne peux pas me mettre en colère contre mon équipe, qui n’avait tout simplement pas les armes offensives pour gagner ici.» L’avion va encore décoller contre le vent ce vendredi à Lausanne et samedi à Zurich où Ge/Servette n’aura plus le choix, cette fois-ci, que de réussir son atterrissage…