1er octobre 2016

Auteur de trois points (dont deux buts), l’ex-star des Sharks a permis aux Genevois de briller encore une fois à Davos

 

Quand ils sont arrivés en fin d’après-midi devant la Vaillant Arena, en descendant du bus, les Servettiens avaient les jambes lourdes mais tous le sourire. Comme un bon pressentiment. Même si, s’ajoutant aux nombreux blessés grenat, Noah Rod (touché aux abdominaux) n’avait finalement pas pu être du long voyage. Cette patinoire davosienne leur a procuré tant d’émotions, qu’ils étaient convaincus de retrouver les sensations qui leur avaient permis de remporter à deux reprises la Coupe Spengler.

 

Dans cette «cathédrale» du hockey, les Grenat ont à nouveau fait le plein de globules rouges. L’occasion était belle pour les Aigles, qui restaient sur deux bonnes performances, de profiter de cette atmosphère pour s’envoler définitivement de la zone dangereuse. A croire que cet endroit est magique; les Servettiens ont repris de l’altitude pour repartir gonflés à bloc.

 

Grosse débauche d’énergie

 

Il a fallu pour cela une grosse débauche d’énergie dès la fin du premier tiers. Après un départ canon des Davosiens, partis pleins gaz grâce au pétillant Walser, la partie a bien failli basculer définitivement dans le camp d’Arno Del Curto juste avant que ne résonne la première sirène. Soit quand Didier Massy a renvoyé Florent Douay aux vestiaires, coupable à ses yeux, d’une vilaine charge, le genou en avant sur Robert Kousai. «Mais c’est lui qui s’est décalé», a plaidé l’attaquant français, incrédule. L’arbitre valaisan en a décidé autrement, pénalisant ainsi, en plus, Ge/Servette de cinq minutes de pénalité. En revoyant les images, il est vrai que la sanction est sévère. C’est à cet instant-là que Sciaroni a redonné l’avantage aux siens…

 

Face à un tel adversaire, remis en selle, on a bien cru qu’il serait rédhibitoire pour les Genevois. Mais outre un Robert Mayer intraitable, les Aigles comptaient dans leur rang un homme d’exception qui n’a pas fini de rendre fou les défenses du pays. Après avoir égalisé une première fois, Nick Spaling a remis ça avant d’offrir le troisième but, décisif, à Kay Schweri via Jim Slater. Du grand art. Affamé de glace après sa blessure à l’épaule lors de la préparation, le Canadien aux 494 matches de NHL a inscrit sept points (dont trois buts) en trois matches. Il n’avait plus été autant en état de grâce depuis la finale de la Coupe Stanley avec son ancienne équipe des Sharks de San José. Il a fait, dans tous les cas, le malheur des Grisons.

 

«C’est vrai que je suis en feu actuellement, reconnaît le héros de la soirée. Mais ne me demandez pas pourquoi alors que je suis toujours en train de m’ajuster au rythme de l’équipe.» Une formation genevoise qui ne cesse de le surprendre, d’ailleurs. «De Mayer aux attaquants, tout le monde a réussi un grand match, s’enthousiasme le Canadien. Et je dois dire que ce n’était pas évident après un aussi gros trajet et les efforts consentis après la pénalité de cinq minutes de Florent.» (note de 1905.ch : ça s'écrit Floran. F-L-O-R-A-N)

 

Calendrier aberrant

 

Chris McSorley a été le premier à féliciter ses guerriers aussitôt la partie terminée. «Compte tenu de nos blessés et du manque de profondeur actuellement, je suis très heureux, Mais, nuance-t-il, je ne trouve pas normal qu’on doive faire des heures de bus alors que Lausanne a joué hier à la maison. Ce calendrier est aberrant. On fera les comptes lundi.»

 

Les Vaudois, battus hier par Lugano, seront plus frais. Mais vont-ils arriver aux Vernets avec le sourire?

 

Un magicien débarque aux Vernets

 

Il n’a, assure-t-il, pas de baguette magique ni de poudre de perlimpinpin dans ses poches. Et pourtant, Dan Ratushny a tout d’un magicien. Le nouvel entraîneur de Lausanne HC a fait d’une équipe ordinaire un leader de LNA. D’une formation qui ne savait «que» défendre un rouleau compresseur ou presque. «Mais il est encore tôt dans la saison, on n’a encore rien accompli, sourit le Canadien. Bien sûr, on est content de ce début de parcours, mais tout le monde a faim dans cette ligue…» La preuve avec Liugano hier soir!

 

Il n’empêche que, sous la conduite de son nouveau mentor, ce LHC-là, si terne la saison dernière, s’est bonifié. «J’ignore comment jouait Lausanne avant, mais je pense que nous avons tous notre rôle à jouer, que ce soit les entraîneurs, les physios, les médecins et les joueurs, estime le nouveau technicien. A propos de ces derniers, je leur ai juste demandé de tous contribuer au jeu devant ou derrière, tous ensemble. Il n’y a pas de scorers, de checker, de joueurs défensifs ou offensifs. On essaie d’avoir quatre lignes homogènes où chacun peut aller de l’avant ou reculer en fonction de la trame de la partie. Il faut trouver la balance entre les deux compartiments de jeu.»

 

Avec lui, le hockey paraît si simple que son message a vite passé. «C’est plus facile lorsque vous gagnez, admet le successeur d’Ehlers. Le succès renforce les bonnes choses qu’on veut faire passer; quand les gars sont en confiance dans leur manière de s’entraîner ou de jouer, cela ne nous donne pas seulement des points, mais aussi de l’énergie.»

 

Après avoir connu un coup d’arrêt face à Lugano hier à Malley (défaite 3-5), les Lions auront à cœur de réagir ce soir dans l’arène des Vernets. «On est tous excité à l’idée d’affronter ce Ge/Servette, qui joue avec du rythme, beaucoup de détermination et une transition très rapide entre l’attaque et la défense, détaille Ratushny. Mais pour avancer, on ne se focalise pas sur l’adversaire, on ne va pas changer notre jeu en fonction de l’équipe qui se trouve en face de nous. On va continuer à jouer notre jeu…»

 

Et jusqu’où peut aller ce LHC? L’ex-entraîneur de Salzbourg, qui a fêté deux fois le titre dans la ville de Mozart, a-t-il la recette? «Pour l’instant, on tourne à quatre lignes, tout le monde est en santé, jubile le coach. Mais je sais très bien qu’on va connaître des baisses de régime. A nous de bien utiliser nos bonnes périodes-là pour avancer…» Et de rebondir aux Vernets?